Maestro. Léa Fazer

maestro

C’est le film le plus joli, sensible et intelligent vu depuis longtemps.

Henri, un jeune comédien en mal de rôle, tempérament sûr de lui et potache, toujours prêt à amuser la galerie et à flamber, se voit engagé par un grand réalisateur, Cédric Rovère, respecté et admiré pour le cinéma d’auteur auquel il est resté fidèle depuis le début de sa longue et belle carrière. A l’origine du scénario, une histoire vraie : celle du jeune Jocelyn Quivrin (aujourd’hui disparu) qui découvre Eric Rohmer en jouant dans ce qui sera en fait la dernière œuvre du cinéaste, Les amours d’Astrée et de Céladon, un film en costumes et quelque peu pastoral tiré du roman du XVIIème siècle d’Honoré Urfé. Film qu’on avait adoré soit dit en passant.

Maestro raconte ainsi la rencontre de deux personnages et à travers eux de deux mondes. L’un est jeune, inculte et croit que la culture ne sert à rien. L’autre est âgé, nourri de culture classique, amoureux de la langue, de la poésie, de la beauté d’un paysage ou d’un sentiment. L’un est bien l’enfant de son époque, l’autre semble être l’un des derniers survivants d’un temps révolu.

Plongé dans l’univers rohmérien, où il découvre des congénères fort différents de ceux qu’il fréquente d’habitude, recevant les conseils du vieux cinéaste, Henri va peu à peu évoluer, comprendre qu’une belle voiture n’est pas la seule manière de séduire une fille et que pour la beauté de l’art certains sont prêts à sacrifier leur confort, oublier leurs problèmes de fins de mois et à se passer de portable…

Superbe chemin initiatique conduit par la grâce de la transmission et conforté par l’exemple des pairs, le film – et c’est notamment ce qu’il a de merveilleux – ne ressemble pas à une « leçon ». Le regard porté sur le vieux cinéaste, mêlant admiration et recul dans un subtil équilibre, est d’une tendresse incroyable. Dans cette ode à la beauté, à la littérature et à la culture, il n’y a pas une once de prétention. D’un bout à l’autre, au fil d’une tout aussi tendre moquerie, l’humour nous fait aimer tous les personnages. Et à travers Cédric Rovère on découvre avec un ravissement absolu les émouvantes coulisses d’un tournage de Rohmer – où par exemple et comme de naturel, les lectures se font dans la crypte d’une chapelle médiévale… Dieu que tout cela est bien écrit, bien fait, bien joué. Et si beau.

Maestro

Un film de Léa Fazer

Avec Pio Marmai, Michael Lonsdale, Déborah François

Sorti en salles le 23 juillet 2014

Durée 1 h 25

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Du cinema plein les yeux a Toulouse

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La cinémathèque de Toulouse ne se contente pas de conserver 42 300 copies de films récupérés depuis 50 ans (et d’en donner à voir presque tous les jours de la semaine), elle possède aussi la plus belle collection française d’affiches de cinéma.

Parmi celles-ci les pièces uniques d’André Azaïs, peintre d’affiches de façade : nous avons oublié que jusqu’aux années 70, les cinémas attiraient les clients par de grands panneaux (ici 5 mètres sur 2 mètres), réalisés à la main aux dimensions de la façade disponible, pour la durée de programmation du film.

En 1977 à la fermeture de la salle toulousaine Le Royal, sont récupérées 184 affiches d’Azaîs, qui depuis les années 50 pouvait fournir ses œuvres à 6 cinémas de la ville, toutes les semaines ! Par on ne sait quelle bienheureuse négligence ces rouleaux de papier avaient été abandonnés au fond d’une pièce de ce cinéma voué à la démolition.

Des quelques 8 000 affiches qu’il a réalisées, vouées à la poubelle dès la fin de la programmation des films, nous pouvons en voir exposées 22, choisies parmi les 184.

L’Espace EDF Bazacle offre le volume nécessaire à l’accrochage, judicieusement effectué en hauteur, comme sur les murs des cinémas autrefois. Certes nous manquons quelque peu de recul pour nous retrouver en situation urbaine, mais nous frappent ces rouges et jaunes lumineux des titres, le graphisme souvent adapté au genre cinématographique, ces portraits d’acteurs et d’actrices, pas toujours très fidèles, mais qui restent si intimement liés au souvenir des films, de Rio Bravo à Peau d’âne, de 2001 Odyssée de l’Espace aux Sept Mercenaires

Cette exposition est l’occasion de se pencher sur ce travail spécifique du peintre : à partir des éléments fournis par les exploitants des salles (matériel publicitaire classique des press-books) il élabore une sorte de maquette qu’il projette à l’aide d’une lanterne magique sur de grands panneaux de papier plaqués contre un mur. Il lui reste à suivre au fusain les lignes agrandies et passer ensuite à la colorisation.

Des photos anciennes nous mettent dans l’ambiance du cinéma urbain d’il y a 40 ou 50 ans : les diverses formes publicitaires utilisées par les exploitants (façades de cinéma dans d’autres villes, palissades, espaces publicitaires). Et nous pouvons, sur un écran et installés comme au cinéma, apprécier le défilé des 184 affiches sauvées miraculeusement par ces fous de ciné qui ont créé la Cinémathèque de Toulouse.

Par Andreossi

Du cinéma plein les yeux

Exposition d’affiches de façade peintes par André Azaïs

Espace EDF Bazacle, 11, quai Saint-Pierre – 31000 Toulouse

Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h

Entrée libre

Jusqu’au 27 avril 2014

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Le Monde enchanté de Jacques Demy

Exposition Jacques Demy, Cinémathèque française

Des photos, des lettres, des plans de tournage, des carnets, des peintures, des dessins, des extraits d’interview et de films bien sûr… C’est tout cela à la fois qui recréé le monde en chanté de Jacques Demy, le célèbre réalisateur disparu en 1990 mais dont les plus grands succès remontent aux années 1960.
L’exposition enfin organisée à la Cinémathèque – un vieux projet déjà envisagé du temps de Claude Berri – a nécessité deux ans de préparation, pour un résultat qui tient toutes ses promesses.

L’on y pénètre par le passage Pommeraye reconstitué, décor de l’enfance de Jacques Demy, pour suivre un parcours chronologique : les débuts à Nantes où la passion du cinéma est tôt venue au petit Jacquot, avec les courts métrages, puis Lola en 1961.
Après le détour niçois du magnifique Baie des Anges, voici le succès des Parapluies des Cherbourg. La palme d’or est là, sous vitrine, tout près d’un télégramme de félicitations de François Truffaut. Les fameux papiers peints, créés spécialement pour le film, sont tendus sur les murs avec des photos du film pour les restituer dans leur contexte.
Puis viennent Les Demoiselles de Rochefort, avec de superbes photos en couleur mais aussi la reconstitution de la galerie d’art de Lancien.
Ensuite c’est la période californienne, avec Model Shop et notamment une interview d’Harrison Ford.
Peau d’âne réserve la partie la plus matérielle de l’exposition : la peau de l’âne authentique a été retrouvée et les robes couleur de Jour, de Lune et de Temps ont été recréées.
Les sections consacrées aux films suivants, qui ont eu moins de succès, sont un peu plus réduites, mais l’on retrouve avec plaisir les univers forts différents d‘Une chambre en ville,ou encore de Trois places pour le 26 (certaines des robes portées par Mathilda May sont là aussi).

Après en avoir savouré des extraits tout au long de l’exposition, on en ressort avec l’envie de revoir tous les films de Jacques Demy, y compris ceux que l’on connaît le moins. On en ressort aussi enrichi des inspirations du cinéaste. Par exemple, en introduction à Peau d’âne, des gravures de Gustave Doré rappellent le goût pour le XIXè de Demy. Des œuvres inattendues pour évoquer un film haut en couleurs, mais somme toute très cohérentes avec sa veine fantastique.

Le Monde enchanté de Jacques Demy
Cinémathèque française
51 rue de Bercy – Paris XIIème
Lundi, mercredi à vendredi 12h-19h
Week-end, jours fériés et vacances (27 avril au 12 mai et 3 juillet au 4 août) : 10h-20h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Fermeture le mardi et le 1er mai
Plein tarif : 10€, tarif réduit : 8€
Moins de 18 ans : 5€
Jusqu’au 4 août 2013

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Alceste à bicyclette. Philippe Le Guay

Alceste à bicyclette, Philippe Le Guay

Serge, la cinquantaine, a interrompu sa brillante carrière de comédien il y a trois ans et s’est retiré sur l’ïle de Ré. Vêtu d’antiques cache-cols, mal rasé, sauvage avec délices, il s’occupe de ses problèmes domestiques et s’adonne à une peinture "du dimanche" avec autant de soin que de lucidité.
Voici que Gauthier, ancienne connaissance, acteur de séries télé à succès, débarque et lui demande de jouer Le Misanthrope. Non, peut-être, on verra… l’ours mal léché fâché avec le monde du spectacle (et qui a ses raisons) est malgré tout bien tenté de renouer avec la scène pour interpréter ce rôle d’Alceste qu’il connait par cœur. En attendant de se décider, il propose d’entamer tout de suite les répétitions avec Gauthier…

Et voilà qui est parti : dans ce paysage de carte postale hors saison, dans un décor de vieille baraque encombrée, deux immenses comédiens – Fabrice Luchini et Lambert Wilson – interprètent deux acteurs qui se (re)mettent en bouche la première scène du Misanthrope. Comme tous deux se disputent le premier rôle, ils tirent au sort chaque jour et le perdant doit se contenter de celui de Philinte.
Moments suspendus, où seul le texte existe, où l’on s’étripe pour un vers amputé, pour un mot travesti, où l’exigence envers soi et envers l’autre est la plus haute… Moments de régal absolu pour le spectateur.

Mais autour d’eux, et avec eux, la vie continue : celle de Paris et de ses mondanités appelle Gauthier, le microcosme local n’est pas indifférent à la venue du célèbre interprète du Docteur Morange, tandis qu’une irrésistible Italienne croise leur route. La bataille d’égos qui se joue en répétition et en sourdine autour du rôle d’Alceste se rejoue à bicyclette et non moins souterrainement pour conquérir la belle…

Si Philippe Le Guay se contente souvent de plans convenus voire approximatifs, il trousse ici un film plein de qualités et de charmes, dont la justesse de ton et de point de vue n’est pas des moindres. Ses personnages – des "caractères" – sont extrêmement convaincants et interprétés à merveille ; les situations ne le sont pas moins. Le succès, les relations qui en découlent, l’orgueil, l’argent, la sincérité, l’amour, l’amitié, la générosité… autant de thèmes fort bien illustrés à travers cette belle conjugaison du cinéma et du théâtre, souvent cocasse, parfois amère mais jamais aigre…

Alceste à bicylette de Philippe Le Guay

Alceste à bicyclette
Une comédie de Philippe Le Guay
Avec Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa
Durée 1 h 44
Sorti en salles le 16 janvier 2013

Photos © Myriam Touzé / Pathé Distribution

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Jacques Prévert et Hervé Guibert à la MEP

Exposition Jacques Prévert, collage, MEPIl reste peu de temps pour aller voir les expositions Prévert et Guibert à la Maison européenne de la photographie à Paris : précipitez-vous-y d’ici le 10 avril car l’ensemble est absolument magnifique.

La première présente des collages de Jacques Prévert, parmi les centaines qu’il a réalisés sur près de 50 ans.
L’exposition n’occupe qu’une salle de la MEP, et on ressort aussi séduit qu’affamé car on aimerait en voir beaucoup plus !
Ces extraits suffisent largement à démontrer que Prévert n’était pas moins poète de l’image qu’il ne l’était du verbe.
Son "truc" ? Il piquait des photos de ses amis photographes : Brassaï, Izis, André Villers… et même Alexandre Trauner qui, lui, était décorateur de cinéma, ce qui ne l’a pas empêché de photographier Paris avec un grand talent (on en avait déjà parlé ici).
Jacques Prévert transformait ce matériau "top niveau" à sa guise, en puisant dans sa réserve personnelle d’images, glanées ici ou là sur le bord du chemin : des pages de journaux ou de beaux magazines, des chromos, des gravures anciennes… Il cueillait ses motifs aux Puces, sur les quais de Seine, chez des marchands de la rive gauche… avant de s’en servir un jour ou l’autre pour ses collages.

Résultat ? Des images oniriques, dans une veine surréaliste qui à certains égards rappelle les collages de Max Ernst.
Prévert mélange avec bonheur des images souvent d’époques différentes, illustrant des thématiques humanistes (il se ressemble décidément très bien) : un couple d’amoureux assemblé à partir de planches d’anatomie – des cœurs ! – sur une photo de Brassaï, des images d’animaux qui nous entraînent du côté de La Fontaine, un autoportrait plein d’humour avec une frise guère avantageuse qui lui barre le visage, une belle frise végétale encadrant son épouse en plein élan…
Les photos d’origine, totalement dénaturées, sortent ainsi de leur contexte propre et les collages du poète paraissent sans âge.
Des livres ont été tirés de ces travaux, dans une parfaite osmose entre les mots et les images, les deux plein de gravité, de joliesse et de fausse naïveté.

Exposition Hervé Guibert à la MepChangement d’ambiance radical avec la superbe exposition de photographies d’Hervé Guibert. Petit format, noir et blanc, beaucoup de scènes d’intérieur, d’autoportraits et d’images de proches : on est ici dans le royaume de l’intime.
Avec Hervé Guibert, ce mot d’intimité se pare de lettres d’or, tant ses photos sont brillantes, tant elles relèvent presque toutes d’une idée singulière. Beauté des corps, sincérité des regards, sujets émouvants, on est aussi d’une certaine façon en plein humanisme, tout en restant en retrait du lyrisme, du trait trop marqué. Son œil si sensible se suffit, mais allié au génie esthétique. Tout est dans l’épure, dans la captation d’un moment dérobé à l’écoulement du temps, dans un cadrage un peu décalé, dans la saisie d’un instant inattendu qui fait mouche, mais aussi dans le regard frontal sur ce qui est, et sur ce qu’il est lui-même : un jeune homme beau et inquiet, un jeune homme amoureux, aimant et malade, et photographe et écrivain. En témoignent ses nombreuses photos de sa "table de travail" : machine à écrire, crayons, stylos, papier, entouré de livres et de cartes postales de peinture bien alignées. Tout un monde en somme, et en même temps, étrangement, malgré ses proches, ses amis, ses amours, une certaine idée de la solitude.

Maison européenne de la photographie
5/7 rue de Fourcy – 75004 Paris
M° Saint Paul ou Pont Marie, bus 67, 69, 96 ou 76
TLJ sf lun., mar. et jours fériés, de 11 h à 20 h
Entrée 7 € (tarif réduit 4 €)
Entrée libre le mer. de 17 h à 20 h
Jusqu’au 10 avril 2011

Images :
Jacques Prévert, Portrait de Janine, fragments de gravures rehaussés sur une photographie de Janine Prévert par Pierre Boucher (vers 1935) Collection privée Jacques Prévert © Fatras/Succession Jacques Prévert
Hervé Guibert, Eugène et les églantines, 1988 © Christine Guibert / Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris

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Les 21e Rencontres Cinémas d'Amérique latine à Toulouse

Rencontres des cinemas d'Amerique latine de Toulouse 2009Les Rencontres des Cinémas d’Amérique latine ont démarré ce vendredi jour du printemps et se déroulent jusqu’au dimanche 29 mars à Toulouse.

Conformément à une tradition désormais bien établie, elles seront l’occasion de distinguer les films les plus marquants de la production cinématographique contemporaine venue d’Amérique latine, avec :

– le Grand Prix Coup de cœur et le Prix du Public Intramuros (sept longs métrages inédits en France),
– le Prix Découverte de la Critique Française de Cinéma et ceux des Cheminots Cinéphiles (six premiers films inédits en France),
– le Prix de la FIPRESCI (premiers films),
– le Prix Signis, qui récompensera l’un des sept documentaires en compétition,
– les prix Courtoujours du CROUS et Signis des meilleurs courts-métrages.

Egalement au programme de ces 21e Rencontres :
Otra mirada / Autre regard : un zoom sur des longs-métrages repérés pour leur traitement formel original
– Un panorama de la production récente, présentée pour la première fois à Toulouse
– Une rétrospective sur le documentaire chilien post-dictature
– Un hommage aux cinquante ans de cinéma cubain, lancé grâce à la naissance de l’Institut Cubain de l’Art et de l’Industrie en mars 1959
– Un retour sur le Jeune cinéma argentin, vague novatrice apparue il y a une dizaine d’années
– Des sélections spéciales pour le jeune public
– Les rendez-vous des professionnels : Cinémas en Construction pour aider des films en post-production, Cinéma en Développement, plateforme de projets et Cinéma sans Frontière, nouvelle initiative pour promouvoir la diffusion des œuvres, soutenue par l’Union Européenne et qui permettra à une trentaine de professionnels d’Europe et d’Amérique latine de se réunir et d’échanger.

Et bien sûr, cette très sympathique manifestation fait la part belle aux rencontres – à la librairie Ombres Blanches notamment -, aux débats, aux concerts, sans oublier le tango avec projection de films, démonstration et… initiation.

Toutes les infos sur
le site de l’Association Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse
Et aussi :
Peliculas, le journal sur Mediapart
Le blog sur arte.tv

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Les plages d'Agnès. Agnès Varda

Les plages d'Agnès, Agnès VardaCe film ne ressemble à aucun autre. Autobiographie. Mémoires.
Pour tracer les grandes lignes de sa vie, Agnès Varda s’est emparé de ce qui constitue sa plume depuis plus de cinquante ans : la caméra. Pour y placer son sujet devant : elle. Osé.
Le fil est chronologique. Il commence donc par les plages de son enfance, celles de la mer du Nord, dont les noms l’enchantent encore aujourd’hui. Dans une scène d’ouverture magnifique – installation de miroirs anciens sur le sable, alors que le vent agite son écharpe colorée – Agnès Varda plante quelques photos et donne le ton : calme, enjoué, clair. Drôle de projet, confit-elle. "Pas de nostalgie". Ce qui n’empêche pas la passion pour les photographies, même celles de familles inconnues trouvées dans les brocantes.

En 1940, la guerre pousse sa famille de Belgique jusqu’à Sète. Là, pendant quatre ans, les cinq enfants et leur mère vivront à bord d’une péniche, à la Pointe-Courte.
Avec des comédiens d’aujourd’hui et en couleurs, Agnès recrée les scènes, retrouve les blouses et les chants de ses souvenirs, réincarne son passé.
Juste avant la Libération, les Varda "montent" à Paris ("comme si la France était verticale !" souligne joliment la cinéaste) ; pour Agnès, c’est l’école du Louvre, lecture sur les quais et débuts dans la photographie pour le théâtre.

Et puis le cinéma vient vite, alors qu’elle n’a encore vu que neuf ou dix films dans sa vie. Mais elle s’est "lancée" ; dit-elle si simplement. La Pointe-Courte, Cléo de 5 à 7, etc. Sa fille Rosalie ; ses amis artistes ; et puis Jacques Demy, et encore leur fils Mathieu…
Comment raconter cette vie si riche, faite de rencontres, de créations, de voyages ?
En mettant ensemble des bouts de tout cela, sans chercher à leur donner une cohérence. En accolant, comme les pièces d’un puzzle, les photos, les scènes reconstituées, les extraits de films, d’installations et d’expositions, pour donner à voir les lieux qui ont compté, les gens qu’elle a aimés, les oeuvres qu’elle a réalisées.

Le lien se fait comme par magie avec la voix d’Agnès, omniprésente, et son image d’aujourd’hui, celle d’une octogénaire pleine de sagesse et de malice. Ce tout disparate tient parfaitement debout, armuré par un savant montage, mais peut-être plus encore par la simplicité, le naturel et la fantaisie d’Agnès Varda, qui en ne cessant de parler d’elle nous renvoie à des questions qui pourraient être qu’est-ce qu’une vie ?, qu’est-ce qui lui donne une cohérence ?, "qu’est-ce qui "fait" une personne ? qu’est-ce qui lui donne son unité ? Sur les magnifiques plages d’Agnès se trouvent beaucoup de réponses.

Les plages d’Agnès
Un film documentaire d’Agnès Varda
Durée 1 h 50

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A Toulouse : Cinespaña 2008

Cinespana 2008Ce vendredi 3 octobre, Cinespaña redémarre pour une treizième édition de promotion du cinéma espagnol en France.

Six distinctions seront remises samedi 11 octobre au cours de la soirée de clôture, honorée de la présence du parrain du festival, Jorge Semprún :
– la Violette d’Or du Meilleur long métrage ;
– le Prix du Meilleur court métrage ;
– le Prix du Meilleurs Documentaire du jury Raíces ;
– le Prix Révélation descerné par le jury Etudiant ;
– le Coup de coeur des lecteurs de la Dépêche du Midi ;
– mais aussi le film préféré du public.

Cette année, un hommage est rendu au comédien (plus de deux cents rôles), réalisateur (trente films) et écrivain Fernando Fernán Gómez, tandis que la rétrospective est consacrée, en sa présence, au directeur de la photo lauréat de quatre Goyas, José Luis Alcaine. Chef opérateur de plus de cent films, il a notamment travaillé avec Pedro Aldomovar dans Attache-moi et Volver.
A noter aussi, le cycle scolaire mis en place avec l’Inspection Académique de Midi-Pyrénées qui présente une sélection de films aux collégiens et lycéens.
Enfin, la convivialité promet d’être comme toujours de la partie dans la cour de la Cinémathèque de Toulouse avec des rencontres-débats, apéro-concerts et autres rendez-vous au restaurant ou au bar à tapas.
Bon festival à tous !

Les lieux de Cinespaña
A Toulouse :
Cinémathèque – 69 Rue du Taur
Instituto Cervantes – 31 Rue des Châlets
Cinéma ABC au centre culturel Alban Minville 67 Allée de Bellefontaine
où l’ABC s’est transporté pour la durée de ses travaux de rénovation
Cinéma UGC – 9 allées Franklin Roosevelt
Ecole Supérieure d’Audiovisuel (ESAV) – 56 Rue du Taur
Casa de España – 85 avenue des Minimes
Cinéma Utopia – Rue Montardy
A Tournefeuille
Cinéma Utopia – Allées des Sports (31170)
Et pour tout savoir sur la programmation : Cinespaña 2008

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