Les robes de Marcel Proust au Palais Galliera

greffulhe_par_ottoAu tournant du siècle la comtesse Greffulhe (1860-1952) régnait sur la vie mondaine et artistique parisienne. Elle fut immortalisée par Marcel Proust à travers le personnage de la duchesse de Guermantes dans La Recherche. D’où le titre de l’exposition à voir jusqu’au 20 mars : La mode retrouvée.

Elisabeth de Riquet de Caraman-Chimay reçoit une éducation cultivée, tournée vers les arts, notamment la musique. Son mariage avec le richissime vicomte Henry Greffulhe, d’un très grand intérêt financier pour cette jeune fille de haute lignée mais sans dot, fait d’elle une épouse trompée et délaissée.

La comtesse Greffulhe consacre alors son énergie et sa position sociale à la promotion des arts, en particulier en levant des fonds pour organiser concerts et ballets : Wagner, Fauré, Isadora Duncan, les Ballets russes de Diaghilev… Elle produit, promeut, monte des festivals, dirige les Chorégies d’Orange… Sa beauté – yeux noirs, allure élancée, taille de guêpe – alliée à son esprit fascinent et son salon est le plus couru de Paris.

worth_robe_byzantineExposées pour la première fois, ses robes témoignent de cet éclat. Si la comtesse poursuivait la plus grande élégance, celle-ci ne lui suffisait pas : il lui fallait en outre l’originalité. Son oncle Robert de Montesquiou raconte : « Elle se faisait montrer, chez les couturiers en renom tout ce qui était en vogue ; puis quand elle devenait certaine que fut épuisé le nombre des élucubrations fraîchement vantées, elle levait la séance, en jetant aux faiseurs, persuadés de son édification et convaincus de leur maîtrise, cette déconcertante conclusion : “Faites-moi tout ce que vous voudrez… qui ne soit pas ça !” ».

Le parcours s’articule dans les cinq espaces du palais Galliera. Dans le salon d’honneur, une lettre de Marcel Proust ébloui par le comtesse adressée à Robert de Montesquiou accueille le visiteur, qui voit  se déployer autour de lui de spectaculaires créations signées Worth, Vitaldi Babani ou Fortuny : « cape russe », « tea-gown » coupée dans tissus de velours ciselé bleu foncé et vert d’inspiration Renaissance, « robe byzantine » en taffetas lamé bordée de zibeline portée à l’occasion du mariage de sa fille…

nina_ricci_ensemble_soir_La grande galerie présente une série de robes du soir à se pâmer. Nina Ricci, Jenny, Jeanne Lanvin… beaucoup de noir et d’ivoire ; légèreté, souplesse, drapé, tombé : tout est infiniment recherché, travaillé. Des accessoires sont à voir dans la petite galerie est : admirez la finesse des broderies ornant les gants, les pochettes à lingerie et les bas. Côté ouest, des photographies de la comtesse (notamment de Otto et Paul Nadar)  permettent de se rendre compte de son allure et de son sens de la mise en scène.

Enfin, on termine en apothéose dans la salle carrée, avec une robe du soir en velours noirs sur laquelle sont appliqués des motifs de lys, emblème de la comtesse Greffulhe depuis que Robert de Montesquiou l’avait dans un poème comparée à cette royale fleur : « beau lys d’argent aux yeux de pistils noirs… ». A la fin de sa vie, l’auteur de La Recherche courait encore après la photo la montrant dans sa divine robe.

La mode retrouvée, Les robes trésors de la comtesse Greffulhe

Palais Galliera

10, avenue Pierre 1er de Serbie – Paris 16°

Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, nocturne le jeudi jsq 21 h

Entrée 8 euros, gratuit pour les – de 18 ans

Jusqu’au 20 mars 2016

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Les expos à Paris au mois d'août

1900_expositionQue voir à Paris au mois d’août ? La ville, bien sûr, un magnifique spectacle en soi ! Mais si on a envie de découvrir des expositions, les propositions ne manquent pas. Voici une petite sélection… pas eu le temps de les voir toutes, loin de là :

Paris 1900 au Petit Palais jusqu’au 17 août (vue, non chroniquée, mais tout à fait conseillée !)

Unedited History (Iran 1960-2014) au Musée d’art moderne de la Ville de Paris jusqu’au 24 août

L’Orient-express à l’Institut du Monde arabe jusqu’au 31 août

Le mythe Cléopâtre à la Pinacothèque de Paris jusqu’au 7 septembre

L’Envol du dragon – Art royal du Vietnam au Musée Guimet jusqu’au 15 septembre

Mapplethorpe-Rodin au Musée Rodin jusqu’au 21 septembre

Masques, mascarades et mascarons au Musée du Louvre jusqu’au 22 septembre

Martial Raysse au Centre Pompidou jusqu’au 22 septembre

Libération de Paris : août 1944, Le combat pour la liberté, à l’Hôtel de Ville jusqu’au 27 septembre

Les plages à Paris selon Daumier – Parisiens en Seine d’hier à aujourd’hui à la Maison de Balzac jusqu’au 28 septembre

Jean-Baptiste Carpeaux au Musée d’Orsay jusqu’au 30 septembre

Les années 1950 au Palais Galliera jusqu’au 2 novembre

Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé au Musée Carnavalet jusqu’au 8 février 2015

Liste non exhaustive bien sûr…

Très bel été à tous, à Paris ou ailleurs !

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Azzedine Alaïa au Palais Galliera

Azzedine Alaia, exposition au Palais Galliera

Le Palais Galliera a enfin rouvert ses portes après quatre ans de travaux. Pour son inauguration, c’est le couturier Azzedine Alaïa qui ouvre le bal, avec une sélection de 70 de ses créations.
Curieux et connaisseurs étaient venus en nombre dès l’ouverture ce samedi à 10 h ; ils n’ont pas été déçus.

Dans le magnifique palais de Renaissance italienne construit à la fin du XIXème siècle, sous de vertigineuses hauteurs, les plafonds décorés s’aperçoivent à peine. L’ambiance sombre ne laisse en pleine lumière que les vedettes de l’événement : les robes de l’extraordinaire couturier d’origine tunisienne dont la célébrité a été faite par ses clientes, femmes d’exception et de goût, dont les plus grandes légendes du XXème siècle, comme Louise de Vilmorin, Arletty ou Greta Garbo, mais aussi les mannequins qu’il a révélés comme Naomi Campbell ou Linda Evangelista, ou encore les stars qu’il a habillées comme Grace Jones ou Tina Turner.
Car le couturier, installé à Paris dans le Marais, ne s’est appuyé sur aucune publicité, aucun produit dérivé, aucune vitrine sur rue pour asseoir sa renommée : ses fourreaux et ses tailleurs, portés par les plus belles, ont suffi à sa consécration.

L’exposition du Musée Galliera en fait la parfaite démonstration : à travers une sélection de ses création depuis plus de trente ans, on découvre un travail qui relève de la perfection. Ses vêtements parlent à toutes les femmes – il n’y qu’à observer les chuchotements, puis le silence recueilli dans lequel tombent toutes les visiteuses de 17 à 87 ans pour en être convaincu – car ce que l’on admire ce ne sont pas des étoffes, ce sont des écrins conçus pour le corps des femmes.
Azzedine Alaïa travaille sur les épaules, la taille, la cambrure des reins. C’est architecturé à merveille, mais jamais figé. "On ne porte pas un dessin" affirme-t-il. De fait, si ses modèles sont toujours très structurés, épousent le corps comme une seconde peau, le couturier ménage aussi toujours la liberté de mouvement, ici avec un drapé, là avec une ampleur, dont on devine toute la souplesse qu’ils autorisent. C’est grâce à ce travail à partir du corps que chaque pièce, si elle surprend, semble en même temps relever d’une sorte d’évidence.

Cuir moulant, plissé, perforé, perles utilisées comme une matière, raphia, cordes, coquillages ne relèvent jamais de l’anecdote mais du recours à toutes les matières comme si elles étaient du tissu. Des soies les plus précieuses au lainage bouilli le plus simple en passant par les jerseys et l’organza, Alaïa s’empare de tout, ne compte jamais sur l’accessoire ou le bijou, ni sur le choc des couleurs – ici tout est noir, ivoire, ou de teintes sourdes. Il ne compte que sur la ligne et la couture – et les siennes sont si savantes – pour rendre un hommage au corps féminin affranchi, et c’est le comble, de toutes les modes.

Azzedine Alaïa
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris
10 avenue Pierre Ier de Serbie Paris 16ème
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h, sauf les jours fériés
Nocturnes le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 8 €, tarifs réduits 6 € et 4 €
Gratuit les 28 et 29 septembre 2013
Du 28 septembre 2013 au 26 janvier 2014

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