Découverte totale et enchanteresse à l’espace Mitsukoshi-Etoile à Paris, où sont exposées jusqu’au 9 mai 2009 des oeuvres du céramiste Miwa Kyusetsu.
Les "Argiles sculptées", comme il les appelle lui-même, créées par ce descendant (XIIème du nom) des Miwa, dynastie de grands potiers japonais bouleversent tout ce que nous connaissons de la céramique.
Bien loin de la poterie traditionnelle en effet se situent ses bols à thé et ses seaux à eau pleins de poésie, nommés Instant de vie ou encore Première floraison, où les lignes douces s’associent aux angles brisés, où la couleur est oubliée pour laisser la place à des dégradés subtils et à la terre brute.
La "révolution" Miwa Kyusetsu a commencé à la fin des années 1960, lorsqu’il a présenté sa série L’Elégante Vie de Hanako (dite Talon Aiguille), escarpin au talon incliné, très fin, qui exalte la cambrure de ce symbole de féminité, ici délicatement bridé et fleuri. En glacis blanc, parfois teinté de bois de rose, voire entièrement dorés, ils évoquent la fragilité et l’abandon et annoncent d’autres séries de sculptures, plus érotiques encore, jambes de femmes repliées et offertes, poitrines généreuses et épaules de soie. On ne saurait être plus explicite.
Certaines oeuvres sont plus mystérieuses et non moins fascinantes, notamment l’ensemble de petits personnages isolés, bouddhas immaculés sur le chemin de l’éveil. Les jeux de matière – raffinement et sensualité du glacis, simplicité abrupte de l’argile – et de lignes géométriques opposées créent l’espace et la lumière et semblent vouloir rappeler les contrastes et contrariétés du monde.
Mais les créations les plus spectaculaires de Miwa Kyusetsu sont ses monumentales Tombes de l’Antiquité, où l’artiste a mis en scène son tombeau à venir ainsi que celui de son épouse, en noir et or entièrement. Objets du quotidien ou symboliques, bouts de squelettes, masques… tout y est mais n’effraie pas, comme si ce céramiste de 69 ans, après avoir sublimé Eros, était parvenu à regarder Thanatos en face dans une majestueuse célébration.
Eros d’argile et Thanatos fusionnels
Espace des Arts Mitsukoshi-Etoile
3 rue de Tilsitt – 75008 Paris
Jusqu’au 9 mai 2009
TJL sauf les dimanches et jours fériés
De 10 h à 18 h
Entrée : 6 euros (TR : 4 euros)
Quand la pierre normande choisit pour écrin la brique toulousaine : c’est dans l’ancien réfectoire du début du XIVème siècle de l’ensemble conventuel des Jacobins à Toulouse, magnifique lieu d’exposition tout de rouge vêtu, que l’on peut voir jusqu’au 20 avril une sélection de chefs-d’œuvres gothiques… normands.
Dans la salle suivante, placés en hauteur, les neuf apôtres du Collège apostolique de Saint Pierre de Jumièges (Seine-Maritime), mis en valeur par un jeu de lumières, veillent sur les châsses des reliques de Saint-Taurin et Saint-Romain : datées du XIIIème siècle, en argent et cuivre dorés, elles permettent de se faire une idée de l’architecture richement ornée des églises et des cathédrales du gothique normand.
Dans la dernière salle sont réunis une multitude de saints de pierre, universels ou locaux, connus ou inconnus. Leur grand succès renvoie aux grandes peurs de l’époque, celles des guerres et des épidémies, sans compter celle de la damnation éternelle.
A travers une centaine de tableaux de Maurice Utrillo et de sa mère Suzanne Valadon, la Pinacothèque de Paris propose jusqu’au 15 septembre 2009 une exposition des plus narratives.
Pourtant, avant qu’il ne rencontre le succès, en 1914, et se mette alors à peindre "en série" pour acheter sa boisson quotidienne, Utrillo a réalisé de magnifiques paysages urbains (c’est sa période dite "blanche") : ciels blafards, rues grises et désertes, églises de banlieue comme abandonnées, Maurice Utrillo se fait le topographe d’une ville sans couleur ni espoir. Sa peinture, avec ses petites touches en reliefs est d’une superbe matérialité (il n’hésite d’ailleurs pas à utiliser du plâtre pour en garnir ses toiles), mais aussi d’une grande poésie, qui se déploie en particulier dans ses vues urbaines enneigées.
Les 21° Rencontres des Cinémas d’Amérique latine de Toulouse se sont achevées hier.
Aux
Laís Bodanzky ne filme pourtant pas une micro-société vieillissante qui refuserait son âge ou se donnerait l’illusion de revivre sa jeunesse éternellement. Tourbillons ne donne d’ailleurs rien "en spectacle" : il est avec ses personnages, au plus près d’eux, à hauteur d’eux. Il les aime, nous les fait aimer et nous empêche de les juger. Ces hommes et ces femmes acceptent leur âge et le considèrent avec beaucoup de lucidité, ce qui ouvre la porte à l’humour, un humour parfois doux-amer, parfois même cruel.
Les Rencontres des Cinémas d’Amérique latine ont démarré ce vendredi jour du printemps et se déroulent jusqu’au dimanche 29 mars à Toulouse.
L’exposition présentée au Musée d’Orsay jusqu’au 31 mai est non seulement belle, mais encore tout à fait convaincante.
On n’est pas encore dans le cubisme (qui ne s’exprime alors qu’en peinture), encore moins dans le non-figuratif ; mais le chemin parcouru depuis Rodin est immense – quelques unes des sculptures du maître permettent de le souligner. Plus de démonstration, plus de tour de force ; la ligne directrice est tout autre.
Fuyant le confort bourgeois de sa famille installée en Suisse, Robert Frank arrive aux Etats-Unis en 1947, pour y découvrir un monde dominé par l’argent. Embauché pour Harper’s Bazaar, il reçoit quelques années plus tard une bourse de la fondation Guggenheim avec pour objectif d’explorer la civilisation américaine. S’en suit un voyage de près de deux ans, entre 1955 et 1956, au cours duquel il prend quelques vingt mille clichés. Il en sélectionnera quatre-vingt trois (tous exposés ici), réunis dans un livre, Les Américains, édité d’abord en France, puis aux Etats-Unis.
Voici quinze ans qu’Amédée et Marguerite se tiennent enfermés dans cet appartement sans jamais voir personne.
Walt Kowalski, vieil homme à l’ancienne, droit comme un i (incarné par Clint Eastwood soi-même), planté de longue date dans ses principes, enterre son épouse.