Camille Claudel au Château de Lavardens

Exposition au château de Lavardens, CCPour tous ceux que la rétrospective parisienne consacrée à Camille Claudel (1862-1943) au Musée Rodin, achevée le 20 juillet dernier, ont laissé frustrés, soit qu’ils n’ont pu s’y rendre, soit qu’ils y sont allés mais n’y ont rien pu voir, l’endroit où aller ces temps-ci se situe dans le Gers, au Château de Lavardens.

Jusqu’au 17 septembre, il accueille l’ensemble de la collection de Reine-Marie Paris, petite-nièce de Camille Claudel.
Des premières oeuvres des années 1880 à la triste France d’Auguste Rodin de 1904, l’exposition présente une soixantaine d’oeuvres parmi les plus belles de l’artiste : La vieille Hélène, Le Buste de Rodin, La petite châtelaine, La main, La valse, Les causeuses, L’âge mûr

Une fois encore, la force d’expression de Camille Claudel, son génie pour représenter l’enfance, la vieillesse, la douleur, la solitude et l’amour, mais aussi le mouvement et la sensualité de ses sculptures laissent sans voix. Et une fois encore, son destin tragique après son histoire d’amour avec Rodin, l’abandon qu’elle connut dans l’enfermement ne peuvent que bouleverser.

Admirer ses oeuvres dans les vieilles pierres du château des XIIème et XIIIème siècles, dans la douceur et le calme de ce Gers vallonné, c’est s’offrir un moment de pure grâce, une parenthèse de poésie, d’émotion et de beauté.

Camille Claudel
Jusqu’au 17 septembre 2008
TLJ de 10 h à 20 h
Château de Lavardens
32360 Lavardens
Tel : 05 62 58 10 62

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César. Anthologie par Jean Nouvel

Exposition César à la Fondation CartierL’architecte Jean Nouvel, au sein de la Fondation Cartier pour l’art contemporain qu’il a dessinée, rend hommage au sculpteur César (1921-1998), ami admiré de longue date.
Il a ainsi procédé à une minutieuse sélection d’oeuvres de l’artiste, avant de les mettre en scène de façon magistrale. Navigant dans "ses" murs comme un poisson dans l’eau, l’architecte fait la démonstration qu’il sait efficacement mettre en espace l’intérieur de la "coquille" qu’il a conçue.
Une réussite dans laquelle le goût de Jean Nouvel pour le travail de César y est pour beaucoup, tant il semble avoir fait les bons choix, qu’il s’agisse de la quantité ou de la qualité des sculptures, mises en valeur avec clarté.

En particulier, le coup d’oeil est spectaculaire à l’arrivée au sous-sol, réservé aux Compressions, où l’on découvre un beau "garage" savamment organisé dans ses lignes, ses couleurs et ses matières.
Tout de suite à droite, les premières compressions réalisées dans les années 1960, patinées, apparaissent comme les vestiges d’un travail que l’artiste, trente après, développait différemment. Les sculptures de la fin des années 1990 sont en effet davantage pliées que compactées. Alignées en de superbes camaïeux de couleurs allant des gris aux bleus en passant par les verts, l’or et les rouges, leur douceur et leur laqué donnent envie de toucher, de comparer les textures, notamment avec les oeuvres rouillées, comme poudrées de la deuxième salle : maître du matériau, César créait des sculptures visuellement très évocatrices.

Au rez-de-jardin, un côté est consacré aux impressionnantes Expansions, ces sculptures de mousse de polyuréthane qui rendent le "coulé" de la matière molle. Ici encore, jeu des formes, avec des drapés et des nappages, jeu des couleurs et de la lumière, avec le brillant et l’irisé, mais aussi jeu de l’imagination pour le visiteur. On le voit par exemple hésiter à donner sa préférence à l’oeuvre qui évoque la crème chantilly à celle qui lui rappelle la crème dessert…

Enfin, le troisième espace est dédié aux Empreintes humaines : pouces, seins, mains agrandis sont déclinés à des échelles et dans des matériaux différents (résine de polyester, bronze, cristal de Baccarat, acier, marbre rose…). Les mains ouvertes, magnifiques avec leurs empreintes, justement, ces petites lignes qui courent sur la peau, concluent à merveille cette exposition placée sous le signe de la sensualité.

César. Anthologie par Jean Nouvel
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, bd Raspail – Paris 14ème
Jusqu’au 28 octobre 2008
TLJ sf le lundi, de 11 h à 20 h, nocturne le mardi jusqu’à 22 h
Entrée 6,50 € (TR 4,50 €)

Image : Herb Ritts, César, Cahors, 1993 © Herb Ritts Foundation

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Anthony Caro au musée des Beaux-Arts d'Angers

Retrospective Anthony Caro à AngersMaglm est en vacances… mais les expos continuent ! Avant de partir, j’ai repéré ceci pour vous… à vous donc d’aller voir, chers lecteurs !

Le musée des Beaux-arts d’Angers présente jusqu’au 21 septembre une rétrospective du sculpteur contemporain Anthony Caro.
Né en 1924 en Grande-Bretagne, il fut l’assistant d’Henri Moore de 1951 à 1953, auprès de qui il a appris la fidélité au matériau, la quête de la vitalité et la puissance d’expression.
Progressivement, il abandonne la méthode traditionnelle de modelage et de fonte en bronze pour s’orienter vers des sculptures faites de soudures ou d’assemblages d’ensembles métalliques préfabriqués.

Malgré une reconnaissance établie dès les années 1960 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, puis en Europe et au Japon, la renommée du sculpteur abstrait dont le travail s’inscrit dans la continuité de celui de Picasso ou de Gonzales n’est arrivée que tardivement en France. Pourtant, dès 1959, il recevait le Prix de la Biennale de Paris. Dans les années 1990, deux expositions personnelles lui ont été consacrées, à Calais et à Angers. Patrick Le Nouëne, directeur des musées d’Angers et spécialiste d’Anthony Caro assurait déjà le commissariat de ces manifestations.

Pour cette rétrospective, dix-huit sculptures, essentiellement des assemblages en acier peints sont présentés, couvrant une période allant de 1960 à 2006.

Par ailleurs, l’artiste achève actuellement, dans le cadre d’une commande publique, un ensemble monumental visant à recréer le baptistère du choeur de l’église de Bourbourg (Nord), détruite en 1940 par le crash d’un avion de la Royal Air Force. A suivre, donc.

Anthony Caro
Musée des Beaux-arts
14, rue du musée – 49 100 Angers
Jusqu’au 21 septembre 2008
TLJ de 10 h à 18 h 30
Entrée de l’exposition : 4 € (TR : 3 € )

Image : Anthony Caro, The Table Lap,, 1969, acier peint en marron, 109 x 152,5 x 244 cm, Collection Grande Bretagne, Anthony Caro © Anthony Caro, courtesy Annely Juda Fine Art, Londres

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Monumenta 2008 – Richard Serra, Promenade

Monumenta 2008, Richard Serra dans la nef du grand palais, PromenadeVous n’entrerez dans la nef du Grand Palais que pour une oeuvre seulement, constituée de cinq plaques d’acier plantées à la verticale sous la voûte. Mais vous y resterez plus longtemps que prévu, progressivement happé par cet étrange dispositif. L’installation qui au départ ne semble représenter que d’immenses stèles va peu à peu s’intégrer sous vos yeux en un vaste et changeant paysage.

La première impression est certainement celle de la déstabilisation : non, ces plaques ne sont pas plantées verticalement ; l’une tangue d’un côté, une autre de l’autre, quand une troisième penche encore selon un axe différent. C’est en tout cas ce qui apparaît à un moment donné, mais l’instant d’après, c’est-à-dire quelques pas plus loin, la perception visuelle a encore changé. Les éléments ne sont pas alignés, c’est un fait mais ce désordre est lui aussi bien variable…

Alors on n’en finit pas de se promener, prenant à la lettre le titre de l’installation, pour le seul plaisir d’embrasser successivement ces perspectives, voir tous ces paysages en un seul. Du haut du belvédère, ces monumentales sculptures semblent soudain toutes petites, elles qui nous ont fait presque peur lorsqu’on s’approchait d’elles, tête penchée en arrière, avec la sensation d’aller se cogner contre un gratte-ciel ! Mais c’était pour s’amuser ; tout comme quand, menton contre la plaque et oeil au somment de la stèle, on joue à oublier notre position verticale : la longue surface lisse qui s’étale devant nous pourrait très bien être horizontale, et nous avec !

Puis vient le moment d’aller s’asseoir sur l’un des nombreux bancs disposés autour de la nef. Ces jours-ci, en milieu de journée, les lieux sont baignés de soleil, l’ossature de fer et les sculptures dessinent des ombres, les visiteurs sont éloignés, minuscules dans ce vaste espace. Vous regardez le ciel, vous regardez le vert de l’architecture, vous regardez ces hautes plaques. Tout à l’heure en les caressant, le poli marbré de leur surface brune teintée de roux vous a rappelé l’écorce des arbres. Là maintenant, il vous semble entendre le bruit du vent dans les pins, celui des vagues ; vous regardez à nouveau les visiteurs en bermuda qui marchent calmement, prennent des photos et admirent. Vous n’êtes plus vraiment sûr d’être dans une salle d’exposition, au coeur de la capitale, mais dans un lieu indéterminé, qui s’invente sous vos yeux, en vous faisant basculer d’une intense contemplation à un vague et doux vagabondage.

Monumenta 2008 – Richard Serra, Promenade
Jusqu’au 15 juin 2008
Grand Palais – av. Winston Churchill, Paris 8ème
M° Franklin Roosevelt, Champs-Elysées-Clémenceau
Bus 28, 32, 42, 72, 73, 80, 83, 93
TLJ sauf le mardi
Lun. et mer. de 10h à 19h ; jeu. à dim. jsq 23h
Ouvert lundi 12 mai
Entrée : 4 € (TR 2 €)

Si vous voulez en savoir plus sur l’artiste, son parcours, son travail, la façon dont il conçoit et pense ses oeuves et celle-ci en particulier, Monumenta met à votre disposition, sur place, tout un arsenal destiné à rapprocher l’art contemporain du grand public : audioguide et fascicule gratuits, espace documentaire, DVD en boucle et médiateurs. Vous pouvez également visiter le site internet (lien-ci-dessus).

Image : Promenade, 2008 I (acier, cinq éléments de 1700 x 400 x 13 cm chacun) – photo Lorenz Kienzle – tous droits réservés Monumenta 2008, ministère de la Culture et de la Communication

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Louise Bourgeois au Centre Pompidou

Dès l’entrée, le visiteur tombe sur une maquette en marbre rose de la maison familiale surmontée d’une guillotine.
"Les gens se guillotinent à l’intérieur de leur famille. Le passé est guillotiné par le présent" explique l’artiste.
Louise Bourgeois ajoute encore : "La peur est un état passif, et l’objectif c’est d’être actif et de prendre le contrôle, d’être vivant ici et maintenant. Le mouvement se fait du passif vers l’actif, car si le passé n’est pas nié dans le présent, on ne vit pas."
Voilà, c’est dit.
A partir de là, il va falloir détruire, et reconstruire. Table rase du passé ; puis viendra le temps du patient tissage des liens avec le passé. il surgit d’abord par éclats, avec des fragments de tapisserie et des pelotes de fil puis avec l’araignée – thèmes évocateurs de l’enfance auprès de parents tapissiers, et surtout de la mère, sa "meilleure amie". Beaucoup plus tard, le tissu deviendra à son tour la matière même des sculptures, en tissu éponge, tapisserie, mousse. Louise Bourgeois devenue âgée réalise à partir de ce matériau doux et dépourvu de résistance des corps, des têtes, des mères, des nourrissons, des enfants. Précision étant faite qu’à quatre-vingt seize ans, la dame continue inlassablement son travail.
Auparavant, dans les années 1950, sur la terrasse de son appartement new-yorkais, la Française aura recrée en totems les gens qu’elle aimait et qui lui manquaient, ceux qu’elle avait laissés pour suivre son époux américain. Un peu plus tard, elle aura inventé des sculptures organiques aux connotations sexuelles très fortes, des "cumulus" passionnants, paysages évoquant la renaissance, le mouvement, la force jaillissante sous le poli du marbre. En 1974, elle aura détruit son père avec l’explicite The Destruction of The Father, une fascinante oeuvre toute rouge peuplée de boursoufflures inquiétantes. Elle aura aussi recréé des espaces intimes, chambres ateliers dans des cellules de grillages ou de bois.
Ce qu’a créé cette femme est extraordinaire. L’on contemple ses oeuvres avec un sentiment d’intimité rare, encore renforcé par les nombreuses citations qui ponctuent l’exposition. Celle-ci, pour finir :
"Il faut abandonner son passé tout les jours, ou bien l’accepter, et si on n’y arrive pas, on devient sculpteur".

Louise Bourgeois
Centre Pompidou
Jusqu’au 2 juin 2008
TLJ sauf le mardi de 11 h à 21 h
Le jeudi jusqu’à 23 h
Entrée de 8 € à 12 €

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La salle Giacometti 1964 à la Fondation Maeght

Alberto Giacometti, sculptures, photo Ernst ScheideggerAvec Joan Miró, qui dispose de son labyrinthe paysager constitué de statues et de céramiques exposées au milieu des pins, Alberto Giacometti est l’une des stars de la Fondation Maeght à Saint-Paul.

Un patio lui est consacré, mettant en scène certaines de ses sculptures les plus emblématiques (L’homme qui marche, Le chien, Homme debout, Femme vénitienne…).

Son oeuvre est également évoquée de façon très touchante dans une salle dédiée aux photographies prises par Ernst Scheidegger dans les années 1940 à 1960. Les grands tirages en noir et blanc de celui qui fut l’ami, mais aussi le témoin du travail et de la vie de l’artiste pendant une vingtaine d’années font écho à l’inoubliable exposition L’Atelier d’Alberto Giacometti présentée au Centre Pompidou cet hiver.
Dans le fatras du mythique atelier, où se mêlent terre, couteaux, palettes, flacons et tabourets, avec pour fond les murs perforés, incisés et dessinés, voici le magnifique Alberto, concentré, qui modèle, peint, réfléchit, créé.

Enfin, bel hommage aux fondateurs et à l’artiste, jusqu’au mois de juin, la salle Giacometti est visible dans sa scénographie de 1964, c’est-à-dire telle que les premiers visiteurs l’ont vue lors de l’inauguration de la Fondation le 28 juillet de cette année-là.
Cet espace, à la fois riche et cohérent à l’image de l’oeuvre de Giacometti est une merveille. Les superbes Femmes vénitiennes s’y élancent sur leurs pieds immenses, avec pour certaines des attributs féminins qui les rapprochent des statues africaines, mais toujours surmontés de ces cous fins, tendus, et de ces visages calmes et énigmatiques. Semble s’y trouver concentré tout le travail de recherche d’Alberto Giacometti, sa façon d’essayer différentes possibilités pour représenter un même sujet, ici la femme.
De mémoire, l’exposition du Centre Pompidou présentait peu de groupes. Ici en sont exposés plusieurs, tout à fait remarquables, comme La Clairière, Place neuf figures (1950) : toutes de tailles différentes, ces silhouettes forment un ensemble très harmonieux qui saisit le visiteur d’une sensation de douce vague, d’une ondulation sur une ligne de crête, mer ou forêt.
Un bel écho à la cour Giacometti, à l’extérieur, patio ouvert sur les pins et la mer, écrin de rêve pour quelques unes des plus célèbres oeuvres de l’artiste, ici au plus près de ses origines italiennes.

Fondation Marguerite et Aimé Maeght
06570 Saint-Paul
TJL, du 1er oct. au 30 juin de 10 h à 18 h
et du 1er juil. au 30 sept. de 10 h à 19 h
Entrée 11 € (TR 9 €)

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Jaume Plensa au MAMAC à Nice

Jaume Plensa, exposition au Mamac à NiceOeuvres visuelles, sonores, riches en couleurs, matières, lumières et mots : le Musée d’art moderne et contemporain de Nice propose jusqu’au 27 avril une superbe sélection de sculptures récentes de l’artiste espagnol Jaume Plensa.

Cette dizaine d’oeuvres, présentée dans une muséographie calme, épurée et somptueuse suffit à émerveiller et rasséréner le visiteur.

Accueilli par Doors of Jerusalem, trois personnages en fibre de verre étrangement suspendus à l’angle droit (l’image ci-dessus est dans le bon sens !), il lui suffit de se placer sous leur visage, regard en l’air, pour ressentir tout ce que ces statues au visage impassible et aux jambes repliées sous la poitrine évoquent : le renvoi à une posture ancienne, qui tient à la fois de l’enfance, de la solitude, d’une forme active de l’attente ou de la contemplation.

Puis, à chaque extrémité d’une longue allée sombre, Sitting Tattoo : encore deux statues en résine à taille d’homme, assises cette fois près du sol, mais dont les lumières changent progressivement de couleur. Leurs corps sont tatoués de mots, qui viennent renforcer la fascination qu’exerce sur le spectateur cette étrange transformation : seules les colorations de l’enveloppe charnelle varient, comme sous l’effet d’une intériorité voire d’une spiritualité en mouvement.

Plus loin, en sculptant un corps en lettres métalliques, Plensa remonte à une imaginaire préhistoire du mot, à l’époque théorique où ils ne sont que lettres de l’alphabet : Overflow n’existe que par cet aléatoire assemblage de lettres, qui le dessinent et le prolongent dans un filet débordant sur le sol autour de lui mais laisse son visage libre et muet. La puissance poétique est évidente, et, loin d’une impression de capture, le filet de lettres apparaît comme une évocation de liberté, ici encore dans une posture de recueillement et de proximité terrienne.

Sensation à laquelle fait écho l’oeuvre suivante, Self Portrait with Tree, montrant un homme encerclant un arbre de vie sur un monticule de terre.

Avec les dernières oeuvres, le visiteur retrouvera un concentré des impressions précédentes, en s’enfermant dans l’une des deux cabines de verre à taille d’homme, attentif aux délicieux changements de lumières, concentré sur les couleurs qui se succèdent et l’inondent.

Et au milieu du parcours, coeur et choeur de l’exposition, un magnifique ensemble de dix gongs placés par paires, sur lesquels sont gravés des mots antonymes, permet de lancer des sons fabuleux. Retentissant d’un éclat profond, ils se propagent dans le lointain, avant de finir dans une intime et très longue vibration.

Jaume Plensa
Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain
Promenade des Arts – Nice
Jusqu’au 27 avril 2008
Tramway : Garibadi ou Cathédrale-Vieille Ville
Bus 4, 16, 17 : Acropolis-Barla
Bus 7, 9, 10 : Garibaldi
TLJ de 10 h à 18 h sauf le lundi, 1er janvier, dim. de Pâques, 1er mai et 25 décembre
Entrée : 4 € (TR 2,50 €)
Entrée gratuite le 1er et le 3 ème dimanche de chaque mois

A noter que depuis la mise sur rails du tramway, à l’automne dernier, les Niçois peuvent admirer sur la place Masséna Conversation, installation de personnages blancs et lumineux en haut de grands mâts (l’intégration avec l’architecture de la place superbement rénovée est extrêmement heureuse), réalisée par ce plasticien habitué à investir les espaces publics (Portes à Valence, Crown Fontain à Chicago).

Image : Doors of jerusalem – © adagp Paris, 2007 Photo Laura Medina

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Les rochers de Rothéneuf à Saint-Malo

Les rochers de Rothéneuf à Saint-MaloQuelques mètres plus bas, les vagues grimpent sur les rochers, faits d’un granit qui paraît bien solide.
L’œil revient sur le sol de même granit, et découvre de drôles de personnages, de drôles d’animaux, sculptés dans un assemblage quelque peu pagailleux.

Au-delà des figures qui apparaissent immédiatement (des têtes totalement dégagées), des scènes émergent en bas relief : un monstre, genre crocodile à tête humaine semble prendre sous sa protection un personnage au pantalon bouffant, à moins qu’il ne s’en empare ; dans une sorte de cartouche, un homme barbu semble botter les fesses d’une femme à longue robe.

On dit qu’on peut compter quelques 300 figures au total, sur 500 mètres carrés.
La roche est parfois usée par les embruns, mais on imagine aisément avec quels détails l’artiste a réalisé son travail : les barbes, les coiffures, les vêtements sont différenciés même s’ils dénotent une même époque.
Est représentée en effet l’épopée d’une famille de corsaires (parfois aussi pirates) du XVIème siècle, les Rothéneuf, rivaux des Malouins tout proches.
Mais les sculptures ne datent pas de ce temps.
C’est un homme en robe noire, travaillant seulement au burin et au marteau, durant 20 ans environ, qui est l’auteur de cet ensemble qui rentre, si on veut catégoriser à tout prix, dans le registre de l’art brut.
L’abbé Fouré, dans les années 1890, à la cinquantaine, est victime d’une attaque cérébrale qui le rend progressivement sourd et sans parole. Marteau et burin dans les mains, il se met à sculpter tous les jours au-dessus des flots.
Mais il paraît aussi qu’il peint ses rochers : comme pour les pierres romanes, on a du mal à imaginer la polychromie de couleurs vives qui devaient faire ressortir de façon extraordinaire les scènes sculptées.

Quelle condensation de l’Histoire dans cet espace au flanc de l’Océan !
Histoire des pirates dont la sauvagerie s’allie bien à l’austérité granitique, histoire de l’abbé, qui veut continuer à témoigner sur les travers de l’humanité, notre histoire, celle de lecteurs d’une œuvre dont l’étrangeté demeure et nous arrête au dessus des vagues.

Chemin des Rochers Sculptés, Saint-Malo
Entrée 2,50 euros, gratuit pour les moins de 8 ans
Novembre à mars : 10 h à 12 h et 14 h à 17 h
Avril à juin / septembre et octobre : 9 h à 12 h 30 et 14 h à 19 h
Juillet et août : 9 h à 20 h

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Trésors de Slovaquie orientale aux Jacobins de Toulouse

Trésors de Slovaquie orientale, exposition aux Jacobins à ToulousePeu connues hors de leur pays d’origine, ces très belles oeuvres de l’art sacré slovaque du XIVème au XVIIIème siècles témoignent d’une histoire locale originale.

Contrairement au reste de l’Europe, cette région, pointe extrême du catholicisme en territoire orthodoxe, isolée du reste du continent en raison de nombreux conflits, n’a pas connu la Renaissance.
Ainsi l’art médiéval a subsisté jusqu’au XVIIIème siècle, époque où le gothique a directement cédé sa place au Baroque.

Puisant leur inspiration aux sources du gothique français et allemand, les artistes slovaques en ont donné de magnifiques interprétations, en particulier sur des sculptures en bois polychromé et doré et des meubles liturgiques.
Le thème de la Vierge à l’enfant est très présent. De ces statues de dimension modeste, au visage rond et bien dessiné, au nez fin, se dégage une grande douceur.
Les statues du Christ sur la croix, corps tordu et traits sobrement expressifs, sont également remarquables, notamment une statuette datée de 1400, dont la simplicité et l’économie de moyens n’ont d’égal que la beauté.
Au fil de l’exposition, le travail de sculpture sur bois suscite systématiquement l’admiration, que ce soit pour le rendu des draperies, la polychromie mais aussi pour l’émotion que l’on ressent à contempler ces oeuvres.
L’influence orientale est très visible, avec l’emploi de motifs géométriques et en arabesques, l’utilisation de l’or, notamment sur des stalles en bois peint du XVème siècle et une porte en fer forgé de la même époque.

Les exemples baroques en fin de parcours, style importé à partir de 1650 par des artistes venus d’Italie et d’Autriche, ont tendance à faire regretter ce gothique tardif slovaque. Les oeuvres deviennent massives et puissantes, comme pour mieux imposer la puissance de l’Eglise catholique. L’autel de près de quatre mètres de haut, daté de 1676 est presque caricatural avec son accumulation de statues et d’éléments décoratifs, présentant en son centre d’une façon quelque peu exubérante la scène de Daniel assis dans la fosse au milieu des lions rendus inoffensifs par l’intervention divine.
Une sculpture de Saint-Martin à cheval partageant son manteau réserve la surprise par sa représentation du pauvre bénéficiaire du don, éclopé au visage émacié et au regard implorant, dont on croit entendre le cri s’échapper de sa bouche grande ouverte. Saisissant.

Trésors de Slovaquie orientale – Du Moyen-Age au Baroque, XIVe – XVIIIe siècles Ensemble conventuel des Jacobins
Jusqu’au 24 mars 2008
TLJ de 10 h à 19 h
Entrée par l’église des Jacobins
Rue Lakanal – 31000 Toulouse
M° Capitole, Esquirol
Tarif 5 € (TR 2,50 €)

Image : Saint Ladislas, Statue en bois polychrome, 1520 (Kosice, Musée de Slovaquie Orientale)

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Les statues-menhirs du musée Fenaille à Rodez (Aveyron)

Les statues-menhirs du musée Fenaille à Rodez, Notre-dame-de-st-SerninLe musée Fenaille est au cœur de la ville, et il faut monter au dernier étage du bâtiment pour découvrir le trésor du musée : 17 statues-menhirs, bien plantées dans le sol, et certaines de belle taille (2 mètres).

Il s’agit de véritables statues, qu’on a pris l’habitude d’appeler aussi menhirs parce qu’elles se trouvaient, comme leurs cousines non sculptées ou gravées, dressées dans les champs et prés du Rouergue des alentours. Elles sont datées de l’âge du cuivre dit-on, c’est-à-dire pour cette région de 3000 ans avant le Christ.
Ce sont incontestablement des statues. Certes les artistes ont décidé de ne pas dégager les têtes : les visages sont dans les épaules. Mais on reconnaît les yeux, parfois le nez, les jambes et les pieds, les bras et les mains, des scarifications ou tatouages sur le visage, les seins pour les « féminines ». Les personnages sont assis, portent de longs vêtements, une ceinture parfois avec une boucle.

Ce ne sont pas des individus qui sont représentés, mais des fonctions, qui nous demeurent inconnues. On sait cependant que l’on peut nettement distinguer les deux genres : le fourreau du poignard, parfois arc et flèches caractérisent les statues masculines. Les colliers, les pendeloques en Y ne sont présents que sur celles où sont sculptés ou gravés des seins.

Ces pierres nous parlent encore. La disposition des œuvres, l’ambiance du musée, permettent le face à face. C’est le peintre Pierre Soulages, Rouergat comme ces statues, qui dit l’essentiel : « Ces statues-menhirs se présentent comme des œuvres hors d’un temps, d’une consistance indéfectible. C’est la densité, la frontalité, l’impression d’une puissance permanente » (1).
En redescendant les étages, on parcourt le Rouergue gallo-romain, puis moyenâgeux, et Renaissant (dans le bel hôtel de Jouery). Mais les puissances de pierre ne nous lâchent pas. Parions que c’était bien là l’intention de ceux qui ont voulu « arracher au bloc inerte une présence humaine ».

Musée Fenaille
14 place Raynaldy à Rodez (Aveyron)
mar., jeu. et ven. de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h
mer. et sam. de 13 h à 19 h, dim. de 14 h à18 h
Entrée 3 € (TR 1,50 €)

(1) Statues-menhirs, sous la direction d’Annie Philippon, Editions du Rouergue, 2002.

Image : Notre-Dame-de-Saint-Sernin

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