C’est sous le ciel gris de Tourcoing que Babou l’exubérante, la pétillante, la colorée a fini par poser ses valises avec sa grande fille, après l’avoir trimballée sur tous les continents. Esméralda, lassée de l’épuisante fantaisie de sa mère, étudiante sage, aspire au bonheur conjugal bien rangé avec un jeune cadre commercial insipide.
Elle annonce son projet à sa mère et, dans le même élan, lui intime de ne pas venir à son mariage : trop délurée, trop fauchée, pas présentable. Blessée au vif malgré son infaillible répartie, Babou part travailler à Ostende pour prouver à sa fille qu’elle est capable de gagner sa vie comme tout le monde et de payer sa part du mariage.
Babou l’ex-baba à Ostende hors saison (ciel blanc et tourisme vieillissant), en train de vendre des appartements en multipropriété (coquette illustration des arnaques du capitalisme), pour une société qui en matière de gestion des ressources humaines ne recule devant rien pour placer sa camelote via des salariés aux abois (mensonges, humiliations, compétition sauvage) : la situation est pour le moins cocasse. La comédie fonctionne à merveille. Isabelle Huppert, dont on connaît l’étendue du talent dans le registre dramatique, s’avère tout aussi à son aise dans celui de l’humour.
Elle campe un personnage guidé par ses seuls désirs et plaisirs, en apparence égocentrique, mais dont la générosité profonde se dessine peu à peu. Sa fille – dans le film comme à la ville – Lolita Chammah, joue Esméralda avec beaucoup de justesse, jeune femme à la fois effacée, en colère et très aimante. Les seconds rôles, féminins (Aure Atika, Noémie Lvovsky, Magali Worth) comme masculins (Luis Rego en particulier) participent de la totale incarnation de cette histoire improbable, mais dont les ressorts affectifs, économiques et sociaux sont criants de vérité.
Copacabana
Un film français de Marc Fitoussi
Avec Isabelle Huppert, Lolita Chammah, Aure Atika, Noémie Lvovsky, Magali Worth, Luis Rego
Durée 1 h 47
Sorti le 7 juillet 2010
Elles sont belles, intelligentes et mènent grandes carrières dans une entreprise internationale.
Ce fut LA comédie de l’été. Anglaise jusqu’au bout de l’humour. Verte campagne du Dorset bien peignée, parfaitement britannique. Jolie résidence d’écrivains, avec l’hôtesse-fermière en tablier à fleurs sur sa robe à carreaux coordonnée (ou l’inverse), qui confectionne avec soin de gros gâteaux dans sa cuisine aux reflets cuivrés. Un universitaire frustré en mal de reconnaissance les engloutit avec bonheur pour se consoler de ne point arriver à écrire. Le mari de l’impeccable fermière enchaîne lui les best-sellers, récolte le succès un brin blasé, et se venge de tout cela en courant le jupon avec non moins de succès. Deux adolescentes du cru s’ennuient à périr, passent le temps en épiant la vie du village, mais comme c’est bien peu, vont chercher le frisson en effleurant les pages des magazines people où, là au moins, s’étalent de beaux gosses.
"Liberté incroyable et intacte : c’est ainsi qu’apparaît Molière près de 350 ans après sa mort" écrivait Philippe Sollers à l’occasion de la nouvelle édition des Oeuvres complètes du dramaturge dans la Pléiade (1). C’est tellement vrai : réécoutez Tartuffe, c’est un suc dont chaque vers vous délectera. Durant tout l’été, le Théâtre du Lucernaire en propose une représentation fort réjouissante.
A la fois palais Néo-Renaissance, musée et distillerie, le Palais Bénédictine est une curiosité de plus de cent ans d’âge à découvrir à Fécamp, sur la Côte d’Albâtre.
Côté art, le bâtiment est dans le goût de la fin du XIXème avec son style éclectique enchevêtrant Gothique et Renaissance, conçu par Camille Albert l’architecte de la ville de Fécamp. Y sont exposés des sculptures religieuses médiévales, des émaux, des ivoires, des albâtres, des vitraux, des manuscrits anciens, des sceaux et monnaies, une collection de ferronnerie, des lampes à huile romaines et même une petite pinacothèque ! Le parcours n’est pas bien long et permet, dans le calme absolu des salles dont le décor vaut à lui seul le coup d’œil, de détailler des petites pièces de haute qualité, tel un très beau Christ du XVIIème siècle taillé dans une seule défense d’éléphant, de somptueux livres d’heures enluminés des XV° et XVI° siècles, ou encore une sculpture en bas relief sur bois, marbre et ivoire, sorte de tableau de la Présentation au Temple daté du XVII°.
Loin des expositions parisiennes qui régulièrement tapissent les pages culturelles des journaux, et des vastes musées où s’engouffrent en longues grappes des touristes empressés, on tombe toujours sur quelque visite intéressante, porté ici ou là par sa curiosité ou par un bon conseil.
Dans la partie basse du pigeonnier, cartes anciennes, coffre ouvert avec un brin de cérémonial et armes que les visiteurs sont invités à soupeser.
Chaque fois que l’on monte tout en haut des marches du petit escalier pour accéder au Paradis, la surprise est la même : on a beau se souvenir que cette salle du Lucernaire est toute petite, on se demande, en y entrant, comment il est possible d’y faire cohabiter spectateurs et comédiens.
