Voyage chez les Étrusques au musée Maillol

Etrusques au musée Maillol

Nul besoin d’aller bien loin pour cette expédition en Étrurie : une balade au musée Maillol, rive gauche à Paris, et nous voilà embarqués près de trente siècles en arrière sur la péninsule italique où, entre les IXème et IIème siècles avant J.-C. s’épanouit la civilisation étrusque.

Les Étrusques entretinrent avec les autres grandes civilisations du bassin méditerranéen, Grecs et Phéniciens, mais aussi avec la Gaulle, des échanges économiques et culturels importants, de même qu’avec Rome qui, par conquêtes successives des cités étrusques, finit par les anéantir.

Bien nommée Un hymne à la vie, l’exposition qui regroupe quelques 250 objets venus de grands musées italiens essentiellement, permet d’approcher les différents aspects de cette riche civilisation par son quotidien.

Le rez-de-chaussée donne une idée de l’architecture et de la culture étrusques. L’on y admire par exemple des plaques d’argile finement sculptées en bas-relief qui ornaient les bâtiments, de fabuleux vases anthropomorphes ou encore la reconstitution de la grande Tombe du Navire (-470 ans) à Tarquinia avec ses grandes peintures colorées.

A l’étage, objets et œuvres d’art rivalisent de beauté pour évoquer notamment les rites funéraires, l’écriture, les banquets, le sport, la religion (avec les fameux haruspices). Les principales cités-Etats sont présentées dans leurs spécificités : l’Étrurie était en effet une dodécapole, à savoir une confédération constituée de douze grandes cités.

Si l’influence grecque est parfois très nette, celle des Égyptiens palpable également, ce qui plaît dans le style Étrusque est avant tout son caractère extrêmement vivant et raffiné. L’iconographie est très narrative, les formes originales, les motifs sculptés expressifs et souples, les détails d’une finesse extrême.
Le travail d’un fermoir de vêtement en or décoré de minuscules figures d’animaux (680-650 av. J.-C.) est époustouflant. La tête votive de jeune homme dite Malavolta en terre cuite (430-410 av. J.-C.) dégage par ses traits une énergie incroyable. Le ciste représentant le Jugement de Pâris (milieu du IVème siècle av. J.-C.), en bronze à décor incisé et orné d’éléments sculptés étonne jusque dans ses détails.

La scénographie est simple, les explications pédagogiques – la carte très claire aurait mérité d’être placée en ouverture du parcours – sans assommer le visiteur. On ne peut que conseiller cette exposition à la fois belle, instructive et divertissante, en particulier à tous ceux que les interminables alignements de vitrines des musées archéologiques laissent sur le flanc : de l’excursion au musée Maillol, ils reviendront l’œil vif et l’esprit frais.

Les Étrusques Un hymne à la vie
Musée Maillol – Fondation Dina Vierny
61, rue de Grenelle 75007 Paris
Tel : +33 (0)1 42 22 59 58
Métro Rue du Bac
Tous les jours de 10h30 à 19h, y compris les jours fériés
Nocturnes le lundi et le vendredi jusqu’à 21h30
Entrée 11 euros, réduit 9 euros, gratuit pour les moins de 11 ans
Jusqu’au au 9 février 2014

Faim de culture ?

Image : urne dite du Bottarone, dévut du IVème siècle avant JC, albâtre peint,H. 88; base 123 x 38 cm Florence, Museo Archeologico © Soprintendenza per i Beni Archeologici della Toscana / Antonio Quattrone

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Le musée de la Boutique des colporteurs

Marmotte de colporteur Musée SoueixLe 1er juillet dernier, la commune de Soueix-Rogalle a créé l’événement dans le Haut-Couserans (Ariège) : après sept ans de recherches et deux ans de travaux, le musée de la Boutique des colporteurs a ouvert ses portes au coeur du village.

L’objectif ? Faire revivre un moment fort de l’histoire des vallées pyrénéennes : celui de "l’âge d’or" des colporteurs.
Les colporteurs étaient des vendeurs ambulants qui, dès le Moyen-Age, transportaient leus marchandises dans de petites caisses de bois accrochées autour du cou – d’où le nom de "col-porteurs" – ou sur le dos.
Ici, cet "âge d’or" est en réalité le reflet d’une certaine pauvreté : en raison de la surpopulation pyrénéenne au milieu du XIXème siècle, l’économie agricole ne permettait pas à tous de vivre correctement, poussant les moins fortunés à diversifier leurs moyens de subsistance. Ainsi, à la morte saison, nombreux étaient ceux qui partaient sur les chemins du sud-ouest, voire par-delà les montagnes et les mers jusqu’en Espagne, en Algérie et même au Canada et en Amérique Latine, apportant nouvelles, nouveautés et petits objets dans les coins les plus reculés.
Ils s’approvisionnaient à crédit et remboursaient leurs fournisseurs une fois de retour au pays, en fonction des ventes réalisées, ou même après les récoltes.

Boutique Souquet à SoueixA Soueix, le magasin Souquet était l’un des fournisseurs essentiels des colporteurs de la vallée : en pleine activité de 1824 à 1960, on y trouvait en effet de tout.
Grâce à la donation à la commune du bâtiment qui l’hébergeait par ses héritiers en 2005, puis au travail de reconstitution par une équipe de passionnés, ce pan de l’activité de la population pyrénéenne du XIXème siècle (les colporteurs ont disparu avant la Première Guerre Mondiale) reprend forme et vie dans le Musée.

Dans les pièces adjacentes à la Boutique proprement dite, est racontée la vie des colporteurs : près du cantou (le grand âtre), des voix de souviennent de ce métier qui, durant des mois, était aussi un mode de vie à l’économie. Par exemple, on ne dormait pas à l’auberge, mais chez l’habitant/client en échange de quoi on laissait parfois quelques babioles. En 1852, afin de contrôler cette profession dont les autorités se méfiaient depuis le siècle précédent, a été instauré le permis de colportage. Un exemplaire en est exposé, ainsi que des caïchos ou marmottes (les caisses des colporteurs), remplies de bijoux, d’articles de mercerie, d’objets de dévotion…

La caisse de la Boutique Souquet à SoueixEnfin, on pénètre dans la magnifique Boutique Souquet, une seule pièce couverte du sol au plafond de tiroirs et d’étagères de bois abrités derrière le grand comptoir en U. La caisse trône toujours au centre et, dans la petite pièce à côté, le coffre-fort et les pièces comptables : de grands registres où sont soigneusement consignées, d’une plume déliée et régulière, les commandes, la liste des débiteurs, etc.
On laissera le visiteur s’émerveiller du contenu des rayonnages (ainsi que des surprises sonores en ouvrant les tiroirs) et des cloches de verre posées sur le comptoir : épices, flacons de droguerie, pièces de quincaillerie et de vaisselle, draps, boutons, chapelets et bien d’autres trésors, tous en vente ici-même entre le milieu du XIXème et le milieu du XXème siècle.

Musée des colporteurs
Rue Principale
09140 SOUEIX-ROGALLE
En juillet-août, tous les après-midi de 14h30 à 19h
A côté : « Aux saveurs du terroir » (épicerie fine, petite restauration et salon de thé)
Entrée adulte : 2 €, enfant : 1 €
Pass’patrimoine : 5 €, entrée comprise pour la Boutique des Colporteurs, le Château de Seix et l’Exposition des Montreurs d’ours d’Ercé

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Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire

Le thé à Guimet, histoires d'une boisson millénairePrésentée au musée Guimet, Le thé, histoires d’une boisson millénaire est la première exposition consacrée en France à l’histoire du thé.
Passionnante, elle raconte la naissance et la diffusion de cette boisson dont la consommation est entrée dans les mœurs chinoises au début de notre ère, avant de se répandre en Asie orientale, au Moyen-Orient, en Europe puis en Amérique.

L’introduction rappelle quelques données fondamentales, notamment botaniques, dont on retient que le théier est de la famille des camélias, arbre qui au printemps se couvre de petites fleurs blanches au cœur jaune : voir la délicate peinture sur soie chinoise du XIII° siècle représentant une branche de théier impérial en fleurs. Cultivé dans des "jardins de thé" en altitude, sous des climats chauds et humides, il est taillé en buissons ne dépassant pas 1 m 20 de haut. Ses bourgeons et feuilles tendres sont récoltés au printemps.

Un album sur papier de riz du XVIII° siècle montre les différentes étapes de la fabrication du thé : flétrissage, roulage, oxydation stoppée par chauffage. La classification chinoise selon la couleur de l’infusion résulte non pas d’espèces de théiers différentes mais du traitement des feuilles : ainsi, le thé blanc n’est que séché, alors que le thé vert est torréfié et peu oxydé et le thé noir totalement oxydé et fumé. Quant au "thé" rouge d’Afrique du sud, il n’est pas, lui, issu du théier.

Enfin, toujours en tête de parcours, La tonne de thé, œuvre monumentale (ce poids de thé compressé) de l’artiste chinois Ai Weiwei, né en 1957, introducteur de l’art contemporain en Chine où il est revenu – et désormais interdit de sortie du territoire – après avoir passé dix ans à New-York, exprme l’importance du thé, boisson après l’eau la plus consommée dans le monde.

Après un petit film sur Tseng Yu Hui, unique maître de thé femme, l’histoire du thé nous est contée à travers ses trois grands modes de préparation successifs, correspondant à trois grandes périodes : le thé bouilli, le thé battu et le thé infusé.

A chacun de ces chapitres sont montrées la naissance puis la diffusion du précieux breuvage, à travers de magnifiques objets provenant du fonds Guimet (des premiers grès jusqu’au porcelaines du XVIII° européen, en passant par les fameux céladons et bleus-blancs chinois), des peintures calligraphiées et des textes de lettrés – dont une édition du fameux Classique du thé écrit au VIII° siècle par Lu Yu.

D’abord utilisé par les moines pour ses vertus thérapeutiques (maintenir en éveil), il est ensuite adoubé par les lettrés (concurrençant alors le vin comme moyen de stimuler l’inspiration) et par eux paré d’une dimension spirituelle fondamentale, l’érigeant au rang de liturgie, que les Japonnais adopteront et adapteront plus tard. Au XVI° siècle, le Japonais Sen no Rikyu, le plus célèbre des maîtres de thé, est ainsi le créateur des cérémonies de thé. Il voit dans la cérémonie, qui doit être gouvernée selon les quatre principes de sérénité, de simplicité, de respect et d’harmonie, un acte spirituel entre le maître de thé et ses invités.

En Occident, le thé a été introduit au XVII° siècle dans les milieux aristocratiques avant de se répandre progressivement dans les autres classes sociales. Ici comme ailleurs, il est considéré comme la boisson qui a le plus influencé les mœurs sociales.
Mais c’est surtout le raffinement qui entoure sa consommation en Chine et au Japon, par les objets comme par la dimension poétique du geste, que l’on retiendra de cette très belle et savante exposition.

Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire
Musée Guimet
6, place d’Iéna- 75116 Paris – Tél.: 01 56 52 53 00
TLJ sauf le mardi, de 10h à 18h
Fermé les 25 décembre et 1er janvier, et fermeture des salles à 16h45 les 24 décembre et 31 décembre
Entrée de l’exposition 8€ (TR: 6€)
Nombreuses activités autour de l’exposition : programme à consulter sur le site
L’exposition est prolongée Jusqu’au 28 janvier 2013

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Rochers de lettrés, itinéraires de l'art en Chine

Exposition Rochers de lettrésIl faut absolument aller voir l’exposition proposée par le musée Guimet jusqu’au 25 juin prochain, non seulement en raison de sa rareté, mais aussi et peut-être surtout pour le surprenant bienfait régénératif qu’elle apporte.

Les Chinois ont très tôt utilisé les pierres dans leurs jardins (pensés comme représentations de l’univers) comme éléments de symbolisation des montagnes. Porteurs des forces telluriques, les bouts de roche, soigneusement choisis et disposés avaient alors un rôle plus important encore que les éléments végétaux.

Puis, dès le VIIIème siècle, les fonctionnaires chinois, les "lettrés", les ont introduits dans leurs cabinets privés, les posant sur leurs tables comme source d’inspiration et de méditation.
Le lieu où les pierres étaient disposées n’était pas un "bureau", mais au contraire un espace dédié au retrait – retrait par rapport à leur travail au service de l’Etat – où ils prenaient soin de s’extraire de leurs activités extérieures pour s’adonner à l’écriture, à la poésie, au dessin, à la musique, à la contemplation et à la méditation.
Au XIIème siècle, ces pierres ont été montées sur des socles en bois sculpté, voire même, pour les feuilles de marbre, enchâssées dans de petits écrans de bois.
Aujourd’hui encore, ces vénérables rochers, que leurs ancêtres avaient sélectionnés en un nombre limité de sites, demeurent honorés par les artistes chinois, qui les dessinent et les collectionnent.

Pierres, cabinets d’écriture, création contemporaine : tels sont les trois volets que l’exposition du musée Guimet permet d’explorer, guidant le visiteur avec de minimales explications, mais lui laissant le loisir, dans une mise en scène soignée, de s’abîmer sans réserve dans la contemplation de la trentaine de roches exposées, partie la plus marquante du parcours.

Nul besoin de science en effet pour comprendre la fascination des Anciens chinois pour ces bouts de pierre aux dimensions le plus souvent bien modestes, tant est puissante leur force d’évocation. Selon leur densité, leur couleur, leur texture, leur forme ou encore les découpes créées par l’érosion, elles rappellent tour à tour la densité terrestre, le mouvement d’élévation, les transformations naturelles, les règnes végétal et animal, et même l’eau, les nuages ou la voûte céleste. Univers dans l’univers, leur minéralité même appelle le calme, le lien avec la nature, le vide pour re-créer.

Rochers de lettrés, itinéraire de l'art en ChineLa suite de la visite, présentant les objets utilisés par les lettrés (repose-pinceaux, pots à pinceaux, pierres à encre, presse-papiers, mobilier) ainsi que quelques œuvres graphiques anciennes est l’occasion de relier ces pierres au contexte de leur utilisation. L’on comprend alors que dans ces "retraites à demi" les lettrés chinois n’étaient pas forcément seuls, pouvant aussi s’adonner aux joies de la conversation pure. Des dessins le révèlent, ainsi que les "sceptres" (souvent faits avec de noueuses racines polies) qui étaient en réalité des objets de discours.

Enfin, les œuvres des artistes contemporains Zeng Xiaojun et Liu Dan, dessins fabuleux à l’encre sur papier de pierres dentelées et de végétaux (impressionnantes glycines du début de l’exposition, magnifique tournesol accompagné d’un extrait en chinois d’une lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo) font le lien entre la Chine millénaire et la Chine d’aujourd’hui, tout en se voulant aussi comme un pont entre l’Empire du Milieu et l’Occident.

Rochers de lettrés, itinéraires de l’art en Chine
Musée Guimet
6, place d’Iéna – Paris 16°
Du mer. au lun., de 10 h à 18 h
De 6 € à 8 €
Jusqu’au 25 juin 2012

Images :
Affiche : © Musée Guimet
Pierre « petite ciselée avec art », xiaolinglong shi, Pierre Lingbi (?) Dynastie Song H. 20 ; L. 9,5 ; Pr. 6 cm Support en bois de zitan, H. 4 x 4 cm © DR / Collection de Mme et M. Ian Wilson

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Les masques de jade mayas à la Pinacothèque

Masques de jade Mayas, PinacothèqueAprès l’or des Incas, la Pinacothèque de Paris poursuit son exploration des cultures pré-hispaniques, avec cette fois la découverte de la culture Maya et notamment ses fameux masques de jade.

Apparue aux alentours de -2000 ans en Amérique Centrale (au niveau des actuelles zones du Yucatan et du Chiapas au sud du Mexique, et du Honduras, du Salvador et du Guatemala), la civilisation Maya a connu son apogée à la période dite Classique, entre 250 et 900 de notre ère. L’essentiel des objets exposés proviennent de cette époque.

Le parcours est un ravissement tant sur le plan esthétique qu’historique. Masques, stèles, éléments de vaisselle, bijoux… permettent d’aborder les fonctions symboliques attribuées à ces objets et à travers elles le monde de croyance de cette brillante culture.

Autant chez les Incas, le divin était matérialisé à travers l’or, autant les Mayas attribuaient au jade le pouvoir sacré. Ces masques, découverts récemment au Mexique, faits de mosaïques de pierre verte à laquelle étaient ajoutés d’autres matériaux servaient à représenter les divinités, et notamment l’une des plus importantes du panthéon Maya, K’awill, le dieu du maïs garant de la continuité des cycles cosmiques. Lors des cérémonies rituelles, ils étaient portés par les dignitaires ainsi parés du pouvoir d’intercéder avec le divin. D’autres masques représentaient les visages des dirigeants mayas. Placés près de la dépouille, ils faisaient partie du "trousseau funéraire", avec colliers, bracelets, et autres ornements. L’exposition reconstitue des tombeaux, où l’on voit également, à côté du défunt, des récipients en céramiques, des vases tétrapodes, des petits tapis de coquillage… Tous ces éléments témoignaient de la transformation que les défunts subissaient lorsque leur essence spirituelle quittait leur dépouille mortelle.

Pinacothèque de Paris, MayasDes stèles en pierre permettent de découvrir la finesse et le style géométrique des sculptures, où règnes animal et végétal, comme sur les maques, se mêlent à l’humain. Les inscriptions révèlent la complexité et la beauté de leur système d’écriture, composé de glyphes plutôt circulaires. On trouve ces écrits sur des stèles de calcaire, mais aussi sur des objets funéraires, par exemple sur des hachettes de jade placées sous un pectoral et retrouvées dans une tombe sur le site de Calakmul.
L’utilisation des coquillages montre l’importance de l’océan pour les Mayas, qui avaient une vision tridimensionnelle du cosmos, céleste, souterrain et marin.
A côté des reliefs archéologiques (fabuleusement conservés et restaurés) la symbolique maya est décryptée : ainsi, les attributs du jaguar qui enrichissent la visage du défunt sur un masque renvoient à cette créature de la nuit censée accompagner le défunt et lui transmettre ses pouvoirs dans le monde souterrain, tandis que sur un autre, les crocs d’un reptile viennent figurer le serpent du souffle divin.
Passionnant !

Les masques de jade mayas
Pinacothèque de Paris
28, place de la Madeleine – 75008 Paris
TLJ de 10h30 à 18h30, jsq 21h les mer. et ven.
Le 1er mai, ouverture de 14h à 18h30
Entrée 10 €
Jusqu’au 10 juin 2012

Images :
Masque funéraire en mosaïque de jade, Tombe 1, structure VII, Calakmul, Campeche, Classique tardif, 660-750 apr. J.-C., Mosaïque de jade, Spondylus princeps, Pinctada mazatlanica et obsidienne grise, 36,7 x 23 x 8 cm Musée d’Architecture maya, Fuerte de la Soledad, Campeche © Photo: Martirene Alcántara/INAH
Stèle avec le relief d’un personnage qui porte le sceptre de K’awiil, Structure 1, Calakmul, Campeche, Classique Haut-relief de calcaire, 99 x 69 cm, Musée Fuerte de San Miguel, Campeche © Photo: Martirene Alcántara/INAH

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Pompéi, un art de vivre. Musée Maillol

Exposition Pompéi au Musée Maillo, tête de femmeDonner aux visiteurs l’impression de découvrir une domus pompeiana telle qu’elle était il y a 2000 ans, juste avant que l’éruption du Vésuve en 79 ne la fige pour l’éternité : tel est le propos de l’exposition du Musée Maillol, à voir jusqu’au 12 février prochain.
Salle après salle, y sont reconstitués les différents espaces de vie d’une maison aisée de Pompéi, ville "ordinaire" de l’Empire Romain.

Le visiteur commence par latrium où le maître des lieux accueillait ses hôtes et traitait ses affaires. Table de marbre, fresques aux murs, coffre-fort, fontaine sculptée, divinités de la maison : les éléments présentés donnent d’emblée une idée du statut social du propriétaire. Au fond, le triclinium est destiné aux banquets. Il est orné de fresques aux tons rouge-orangé représentant des épisodes de la vie des Dieux, quand à côté, dans le lararium, lieu de prière, un très beau panneau d’Iphigénie et Tauride réunit finesse, équilibre de la composition et puissance d’expression. Après avoir été saisi d’effroi, une fois de plus, devant les moulages des corps des victimes de l’éruption, l’on accède à la culina, où sont présentés de nombreux objets mobiliers servant à la préparation des repas et à la conservation des aliments : amphores, moules à gâteaux, louches, poêle, balance et poids, gril, four portatif, rien ne manque ! A l’étage, une galerie expose des pièces de vaisselle en argent, bronze, terre cuite et verre, ainsi que des lampes et des candélabres. Que ce soit sur bronze ou terre sigillée, la finesse des motifs mythologiques, animaliers ou végétaux et le raffinement des ornements sont tout autant admirables. Puis l’on passe aux objets associés aux thermes et aux soins cosmétiques, avec une baignoire, des miroirs, des fioles à parfum, des coupes, bouteilles et brocs en verre transparent, bleu ou vert, ainsi que des bijoux aussi simples que beaux. Une autre pièce nous donne une idée de l’importance de la sexualité et de ses représentations : c’est cru et sans détour, mais ce décorum reflétant les mœurs de l’époque était l’ordinaire de la ville ; même les murs extérieurs, dans les rues, donc à la vue de tous, en étaient ornés !
On finit avec une évocation du jardin et de ses péristyles, où la richesse des décors montre que cette partie de la villa était traitée avec autant de soin que les autres pièces: fresques splendides, bassins et tables en marbre sculptées, bouches de fontaine en forme de tortue, de dauphin ou de grenouille, sans compter la très belle fontaine en mosaïque, dont le motif lui-même reprend celui d’une fontaine ou les oiseaux viennent boire…

Exposition Pompéi au Musée Maillo, fresque tricliniumOn l’aura compris, la visite de l’exposition est un pur plaisir. Le principe d’évolution de pièce en pièce concilie la clarté d’une approche thématique à l’agrément d’une progression dynamique. La muséographie est belle, simple et efficace, avec ses couleurs délimitant les différents espaces de la maison. Enfin et surtout, les œuvres, presque toutes venue de Naples naturellement, sont extraordinaires.
L’absence d’accumulation (qui est le propre, l’intérêt, mais aussi l’inconvénient des musées archéologiques) permet au visiteur d’admirer tranquillement et isolément chaque objet, tandis que les explications générales lui permettent de les intégrer dans le mode de vie d’un riche Pompéien.
Une grande réussite, signée Valeria Sampaolo, Antonio Varone et Stefano De Caro, commissaires de l’exposition et respectivement directrice du Musée archéologique national de Naples, directeur des fouilles de Pompéi et professeur à l’Université de Naples, ainsi que Patrizia Nitti, directrice artistique du Musée Maillol, et Hubert le Gall à la scénographie.

Pompéi, un art de vivre
Jusqu’au 12 février 2012
Musée Maillol
59-61, rue de Grenelle – Paris 7°
M° rue du Bac
TLJ de 10h30 à 19h, le ven. jusqu’à 21h30
Entrée 11 € (TR 9 €)

Images :
Œnochoé en forme de tête de femme Première moitié du Ier siècle après J.-C., Bronze incrusté d’argent et de cuivre H. 13,7 ; L. de 6 à 9 cm Fouilles d’Herculanum, réserves archéologiques Inv. 77839 © Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei
Murs du triclinium de la villa de Carmiano, Période flavienne, Enduit peint à la fresque, H. 265 ; murs est et ouest, L. 546 ; murs sud et nord, L. 482 cm, Fouilles de Castellammare di Stabia, réserves archéologiques Inv. 63683 ; 63684 ; 63685 ; 63686 ; 63687 © Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei/Fotografica Foglia

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Pinacothèque de Paris : annulation de l'exposition de masques de jade Maya

le mexique sur le globe

Alors que nous évoquions ici-même la prochaine exposition prévue à la Pinacothèque de Paris à partir de début mars et consacrée aux masques de jade Maya, un communiqué tombé cette semaine nous annonce son annulation :

" Les autorités mexicaines ont annoncé devoir renoncer à l’organisation de l’exposition Les Masques de Jade Maya en raison de la dégradation des relations avec la France ces derniers jours.

Cette décision a été prise à la suite du retrait du gouvernement mexicain de l’organisation de l’Année du Mexique en France, qui allait présenter près de 350 événements culturels en France dans le cadre de cette année bilatérale.

Pendant une semaine, le gouvernement mexicain avait toutefois prévu de conserver cette exposition remarquable, compte tenu de son degré d’avancement, des excellentes relations entretenues par les Musées mexicains avec la Pinacothèque de Paris et par respect pour son public qui attendait cet événement avec impatience.

La décision a été annoncée par un courrier de l’Ambassadeur du Mexique adressé ce lundi 21 février 2011, à Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque de Paris.

La Pinacothèque de Paris regrette cette décision grave qui prive le public de la possibilité d’admirer des trésors uniques mayas, qui auraient été montrés pour la première fois en France depuis leur découverte.

« Sans entrer dans la polémique générale, je déplore le gâchis culturel de l’annulation de l’Année du Mexique en France et je tiens à souligner les difficultés financières auxquelles les entreprises françaises qui participaient à cet événement culturel, risquent de se trouver confrontées. » souligne Marc Restellini.

La Pinacothèque de Paris remplace l’exposition sur les Masques de Jade mayas par une exposition sur le créateur de Corto Maltèse, qui était programmée pour l’été et qui se déroulera du 18 mars au 21 août 2011. Cette exposition, intitulée Le voyage imaginaire d’Hugo Pratt, présentera un ensemble exceptionnel d’œuvres originales d’Hugo Pratt ainsi que, pour la première fois, l’ensemble intégral des planches de La balade de la Mer salée, première œuvre où apparaît Corto Maltese."

Triste nouvelle pour tous ceux qui ont travaillé sur ce projet et tous les autres prévus dans le cadre de l’Année du Mexique en France, et tout autant pour le public privé de la découverte de ces cultures et de ces œuvres.

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L'Or des Incas. Origines et mystères. Pinacothèque de Paris

L'or des Incas à la Pinacotheque de Paris, Ornement frontal

L’exceptionnel semble devenir la règle à la Pinacothèque de Paris. Après Les soldats de l’éternité en 2008, révélant au public français quelques uns des 7 000 soldats de terre cuite découverts dans la tombe du premier empereur de Chine, Marc Restellini, le directeur de la Pinacothèque présente depuis vendredi une exposition de plus de 250 œuvres issues de la civilisation Inca et de celles qui l’ont précédée.

Venue essentiellement de musées péruviens, mais aussi de plusieurs institutions européennes, cette sélection inédite en France vient nous rappeler que les Incas, s’ils demeurent le plus connu parmi les peuples pré-colombiens de la cordillère des Andes, ne dominèrent en réalité la région que durant le XV° siècle. Pendant 3 000 ans, et jusqu’à ce que les Conquistadors envahissent le "Pérou" au début du XVI° siècle, une dizaine de cultures différentes, nommées Sicán, Chimú, Mochica ou encore Huari s’étaient en effet succédées – avec toutefois une vision du monde et des traditions, notamment religieuses, communes.

Après une présentation des différentes civilisations (appelées "horizons") à travers une sélection de leurs pièces les plus remarquables, l’exposition aborde les grandes thématiques des Incas et de leurs prédécesseurs : la tradition métallurgique (dont les importantes richesses naturelles régionales ont permis le développement) et les rituels, avec l’apparat de cérémonie, la musique, les rites sacrificiels, la cosmogonie, les pratiques funéraires.

Les objets d’or, symbole du soleil, divinité suprême dans le panthéon Inca, mais aussi du pouvoir, puisque l’empereur était considéré comme fils du soleil, prennent de multiples formes pour un usage essentiellement rituel – l’approche économique de l’or était étrangère aux civilisations préhispaniques. S’étalent ainsi sous nos yeux couronnes, coiffes, masques, pectoraux, colliers, boucles d’oreilles, ornements nasaux (nariguera), gobelets, coupes… en or soudé, laminé, moulé, repoussé, découpé, gravé, embouti ou filigrané.
L’on découvre aussi des pièces d’argent – métal associé à la divinité lunaire Quilla – ainsi que des objets associant les deux métaux, ou encore en cuivre. Certains s’ornent de pierres précieuses ou semi-précieuses.

L'or de Incas, Pinacothèque de Paris, coupe cérémonielleMais l’art des cultures andines ne se réduit pas à l’orfèvrerie : elles ont tout autant exprimé leur savoir-faire et leur talent créatif dans la céramique, comme en témoignent ces superbes vases et ces bouteilles à anse, ventrues, parfois très sculptées et le plus souvent richement colorées. La diversité stylistique des civilisations y est particulièrement visible. L’iconographie et la sculpture vont du symbolisme et du géométrique aux motifs zoomorphes et anthropomorphes (souvent hybrides d’ailleurs) – voire narratifs – les plus étonnants.

Sont également à découvrir des pièces d’apparat ornées de plumes multicolores, des objets en bois, des bijoux en coquillage, des instruments de musique, tels les sonnailles, qui, cousues aux vêtements, émettent des tintements à chaque mouvement, le contenu du trousseau funéraire autour d’une momie… Autant d’œuvres qui passionnent par l’Histoire et les histoires qu’elles révèlent, enchantent par leur extraordinaire beauté et ne cessent de fasciner par leur part encore demeurée mystérieuse.

L’Or des Incas. Origines et mystères
Pinacothèque de Paris
28, place de la Madeleine – Paris 8ème
Jusqu’au 6 février 2011
TLJ de 10 h 30 à 18 h (fermeture des caisses à 17 h 15)
Samedi 25 décembre 2010 et samedi 1er janvier 2011, ouverture de 14 h à 18 h
Nocturne tous les mercredis jusqu’à 21 h (fermeture de la billetterie à 20 h 15)
Entrée 10 euros, tarif réduit 8 euros
Réservation en ligne sur le site (11,50 euros et réduit 9,50 euros)
Exposition réalisée en association avec Artematica et la Fondazione Brescia Musei

Rendez-vous :
– A l’occasion de sa première participation aux Journées du Patrimoine, la Pinacothèque ouvrira gratuitement ses portes aux jeunes de moins de 25 ans les 18 et 19 septembre
– Nouveauté : les visites guidées organisées tous les samedis, à 14 h et 16 h. D’une durée d’une heure trente, elles comptent 20 personnes maximum et coûtent 5 euros en plus de l’entrée (inscription à l’avance ou sur place)
– Mercredi 29 sept à 19 h : concert-récital de Javier Echecopar, guitariste péruvien de musique baroque (en partenariat avec la Fondation de l’Alliance Française)
– Mercredi 13 oct à 19 h : table-ronde avec des spécialistes de l’Institut Français d’Etudes Andines (avec la Fondation de l’Alliance Française)
– Mercredi 27 octobre à 19 h : table ronde sur le thème Sociétés pré-Incas, de Chavin aux Incas, entre unité et diversité (avec Connaissance des Arts).

A lire et à regarder, à offrir et à se faire offrir :
Le catalogue, où de grandes photos des objets exposés et leurs notices alternent avec des textes thématiques clairs écrits par des spécialistes de l’art pré-colombien, chercheurs, professeurs et directeurs de musées. Il reprend les trois grandes sections de l’exposition : L’histoire du Pérou ancien ; Le travail du métal et de l’or ou le beau dans le Pérou ancien ; Les rituels : le divin dans le quotidien.
(Editions de la Pinacothèque de Paris, 364 p., 45 €)

Images : Ornement Frontal, Culture Chimú (900-1470 apr. J.-C.), Intermédiaire récent, Or laminé/repoussé/embouti/incrusté 250 x 55 x 300 mm Musée Larco, Lima © Photo Joaquín Rubio Roach. Tête de félin orné de plumes, nez et bec d’oiseau. Deux singes dans la partie supérieure. Serpents bicéphales sur la partie inférieure (notice, Paloma Carcedo)
Coupe cérémonielle, Culture Chimú, Intermédiaire récent, bois, nacre sculpté/gravé/ pyrogravé/serti 399 x 167 x 165 Musée Larco, Lima © Photo Joaquín Rubio Roach. Décor de la coupe : frise de 9 panneaux gravés représentant un personnage (à longue queue et aux pieds terminés en tête d’oiseau) associé à des êtres zoomorphes (félin) et à un singe (notice, Luisa Maria Vetter)

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Le Palais Bénédictine. Fécamp

Le Palais Bénédictine à Fécamp, enluminuresA la fois palais Néo-Renaissance, musée et distillerie, le Palais Bénédictine est une curiosité de plus de cent ans d’âge à découvrir à Fécamp, sur la Côte d’Albâtre.

Le début de l’histoire remonte à 1863, lorsqu’un jeune homme nommé Alexandre le Grand (!) redonne vie à une vieille recette de liqueur inventée par un moine bénédictin de Fécamp au XVIème siècle. Il la baptise Bénédictine, dépose la marque, fait un habile usage de la publicité grâce notamment aux grands affichistes de l’époque, et voici l’affaire bien lancée, y compris à l’exportation.
Très vite, Alexandre le Grand se plaît à mêler les genres, exposant une collection d’œuvres d’art dans sa fabrique de spiritueux. Une veine qui depuis demeure : dans le drôle de palais, inauguré en 1900 après la mort du fondateur Alexandre, une aile abrite toujours un musée, tandis que dans une autre, la distillerie produit encore le précieux breuvage. Toutes deux valent la visite, qui s’enchaîne fort naturellement.

Palais Bénédictine, Christ en ivoireCôté art, le bâtiment est dans le goût de la fin du XIXème avec son style éclectique enchevêtrant Gothique et Renaissance, conçu par Camille Albert l’architecte de la ville de Fécamp. Y sont exposés des sculptures religieuses médiévales, des émaux, des ivoires, des albâtres, des vitraux, des manuscrits anciens, des sceaux et monnaies, une collection de ferronnerie, des lampes à huile romaines et même une petite pinacothèque ! Le parcours n’est pas bien long et permet, dans le calme absolu des salles dont le décor vaut à lui seul le coup d’œil, de détailler des petites pièces de haute qualité, tel un très beau Christ du XVIIème siècle taillé dans une seule défense d’éléphant, de somptueux livres d’heures enluminés des XV° et XVI° siècles, ou encore une sculpture en bas relief sur bois, marbre et ivoire, sorte de tableau de la Présentation au Temple daté du XVII°.

Dans la fabrique sont visibles de gros alambics de cuivre et grandes cuves. La célèbre liqueur (très prisée à l’étranger, dit-on) est élaborée à partir de plantes et d’épices (près de trente différentes), auxquelles on ajoute encore, après distillerie, du safran et du miel. On laisse vieillir en fûts de chêne une bonne année, on filtre, on embouteille… et on goûte… Verdict : puissante, complexe et très parfumée, avec un excellent équilibre entre amertume et sucré. Mais attention, la Bénédictine affiche tout de même 40°… La variante B&B, mélange de la précédente et de cognac est, elle, un peu plus forte, et beaucoup moins convaincante. Rien de tel que l’original.

Palais Bénédictine
110 rue Alexandre Le Grand – 76400 Fécamp
Ouvert TLJ sauf le 1er mai et le 25 décembre
Entrée 7 €

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La Malouinière de la Ville Bague

La chapelle Sainte-Sophie de la Malouinière de la Ville Bague, St MaloLoin des expositions parisiennes qui régulièrement tapissent les pages culturelles des journaux, et des vastes musées où s’engouffrent en longues grappes des touristes empressés, on tombe toujours sur quelque visite intéressante, porté ici ou là par sa curiosité ou par un bon conseil.

Ici, à Saint-Malo, notre hôte nous envoie découvrir la Malouinière de la Ville Bague.
En réalité, entre les remparts, les rochers de Rothéneuf, Dinard, Dinan et le Mont Saint-Michel, le programme ne nécessite aucun complément. Mais en province le temps s’étire d’une façon merveilleuse et, charmé par la grâce de quelque confiture maison, on finit par se rallier à la cause du patrimoine local. C’est ainsi qu’on se retrouve devant une grande maison de maître, au milieu d’une poignée de personnes âgées extrêmement enthousiastes.

Le gendre de la propriétaire actuelle fait office de guide et nous embarque pour 1 h 1/2 de visite historique, ambiance vieille famille-ouvrons nos armoires.
Comme leur nom l’indique, les Malouinières sont des villas typiques du pays Malouin : une centaine furent construites entre 1650 et 1730 autour de Saint-Malo, par des armateurs avides de grand air, mais aussi soucieux de vider leurs cargaisons hors la vue du percepteur, sans toutefois trop s’éloigner du port.
La Ville Bague date de 1715 ; un manoir la précédait, d’où l’existence dans son enceinte d’une chapelle et d’un pigeonnier de la 2ème moitié du XVIIème siècle. Construite par Guillaume Eon, elle en est pierres de pays enduites de crépi ; sa façade régulière est ornée de fenêtres encadrées de granit, sa haute toiture surmontée d’impressionnantes cheminées.

Dans le pigeonnier de la Ville Bague, le coffreDans la partie basse du pigeonnier, cartes anciennes, coffre ouvert avec un brin de cérémonial et armes que les visiteurs sont invités à soupeser.
Dans la demeure, on passe du salon à la salle à manger puis à quelques pièces à l’étage, en admirant la belle rampe de l’escalier. On réalise à quel point la visite d’une maison remplie de vieux meubles et objets, où vivent aujourd’hui des particuliers a quelque chose de profondément anachronique et décalé. Fait-on visiter son vaisselier, tâter ses toiles de Jouy capitonnées et admirer ses croûtes plus ou moins familiales ? C’est assez comique à vrai dire, mais l’ambiance ne se prête pas à ce genre-là.
Alors on se garde de tout second degré, on joue le jeu à fond et finalement les yeux sont plutôt contents. En bas, un papier peint panoramique de 1820 montre l’arrivée de Pizzare chez les Incas (tout un poème) : un papier peint aux couleurs magnifiques et qu’il est rarement donné de voir, issu de la manufacture Dufour et Leroy et classé Monument historique. A côté, dans la salle à manger où sont exposées des pièces de porcelaine et d’argenterie pas du tout repoussantes, le maître des lieux se plaît à nommer, pour le plus grand bonheur de ces dames, des objets devenus totalement inusités. A l’étage enfin, derrière des vitrines, d’adorables ivoires, tout petits objets sculptés par les marins. C’est fin, simple et joli, ça sent le temps long, la minutie, mais aussi la passion et une forme de solitude ; ça en deviendrait presque émouvant.

Malouinière de la Ville-Bague
35350 – Saint-Coulomb
Ouvert de Pâques à la Toussaint
Visites guidées à 10h30 (sur RV), 14 h 30 et 16 h
Fermé le mercredi sauf en juillet et août
Ouvert aux groupes toute l’année sur rendez-vous
Entrée 8 € (adultes)

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