Rentrée à Paris : sur le toit de Notre-Dame !

Vue depuis les tours de Notre-Dame
Vue depuis les tours de Notre-Dame

Les tours de Notre-Dame font partie des visites parisiennes les plus courues par les touristes de tous horizons. L’on y rencontre aussi quelques autochtones, ils ne sont pas légion mais repérables facilement… ce sont les seuls à reconnaître aussi bien certains détails du paysage !

Mais n’allons pas trop vite en besogne : il y a loin de la coupe aux lèvres. En l’occurrence, il ne s’agit pas tant des quelques 400 marches à gravir (quoique…), mais du temps d’attente tout en bas… L’astuce, c’est d’arriver bien avant 10 h, l’heure d’ouverture pour la visite des tours. La cathédrale, elle, ouvre avant, mais pas question de se disperser : se placer tout de suite dans la fille d’attente, le long de la grille rue du cloître Notre-Dame. Ainsi, on est sûr de monter assez vite, car si le dépliant annonce un rythme de 10 mn par groupe de 20 personnes, c’est tout de même un minimum !

La billetterie (+ boutique) se trouve au niveau de la tour nord et correspond à la hauteur de la tribune d’orgue. On en profite pour jeter un œil au joli escalier à vis dans la tourelle ajourée, au fond de la salle. Puis la grimpette sérieuse commence, l’escalier est étroit, mais la récompense est à la hauteur, c’est vraiment le cas de le dire ! Si les tours culminent à 69 mètres du sol, c’est dans la galerie des Chimères, à 46 mètres, que le visiteur fait sa première étape. Occasion de commencer à se régaler du panorama bien sûr, mais surtout d’admirer de près les statues dessinées par Viollet-le-Duc au XIXème siècle quand il a été chargé de la restauration de la cathédrale, et notamment de la statuaire gothique brisée à la Révolution. Ces chimères, parmi lesquelles la stryge (démon ailé et féminin), si fameuse qu’elle est aujourd’hui en quelque sorte le symbole de Notre-Dame, ces gargouilles et ces arcatures finement sculptées sont en effet peu visibles depuis le parvis. Quant au panorama, voir la photo à titre d’exemple…

Mais le sommet de la tour sud, quelques dizaines de marches plus haut (on n’est plus à ça près) offre une vue plus complète, plus étourdissante encore. En tournant du nord à l’ouest : tour Saint-Jacques rénovée de frais, Sacré-Coeur, Ile Saint-Louis, BNF, vieux quartier latin, Panthéon, Saint-Sulpice, Invalides, Ile de la Cité avec la Sainte Chapelle, l’Hôtel Dieu et le Palais de Justice. Plus loin, le Louvre, l’Arc de Triomphe et la grande Arche de la Défense. Bon, heureusement qu’il y a de gentils Parisiens pour aider à nommer d’autres édifices ici ou là : c’est que, malgré les années passées à demeure, on reste, comme au premier jour, d’éternels touristes découvrant la capitale. Et c’est très bien comme ça, car c’est dans cet esprit là qu’on en profite vraiment. Alors vive Paris et vive la rentrée !

Tours de Note-Dame

Accès par le côté nord, rue du cloître Notre-Dame

TLJ à partir de 10h jsq 18h30 du 1er avril au 30 septembre et jsq 17h30 du 1er octobre au 31 mars. Dernier accès 45 mn avant la fermeture

Vérifier les horaires sur le site avant d’y aller en cliquant ici, au cas où, car il peut y avoir des changements (météo, travaux…)

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Les expos à Paris au mois d'août

1900_expositionQue voir à Paris au mois d’août ? La ville, bien sûr, un magnifique spectacle en soi ! Mais si on a envie de découvrir des expositions, les propositions ne manquent pas. Voici une petite sélection… pas eu le temps de les voir toutes, loin de là :

Paris 1900 au Petit Palais jusqu’au 17 août (vue, non chroniquée, mais tout à fait conseillée !)

Unedited History (Iran 1960-2014) au Musée d’art moderne de la Ville de Paris jusqu’au 24 août

L’Orient-express à l’Institut du Monde arabe jusqu’au 31 août

Le mythe Cléopâtre à la Pinacothèque de Paris jusqu’au 7 septembre

L’Envol du dragon – Art royal du Vietnam au Musée Guimet jusqu’au 15 septembre

Mapplethorpe-Rodin au Musée Rodin jusqu’au 21 septembre

Masques, mascarades et mascarons au Musée du Louvre jusqu’au 22 septembre

Martial Raysse au Centre Pompidou jusqu’au 22 septembre

Libération de Paris : août 1944, Le combat pour la liberté, à l’Hôtel de Ville jusqu’au 27 septembre

Les plages à Paris selon Daumier – Parisiens en Seine d’hier à aujourd’hui à la Maison de Balzac jusqu’au 28 septembre

Jean-Baptiste Carpeaux au Musée d’Orsay jusqu’au 30 septembre

Les années 1950 au Palais Galliera jusqu’au 2 novembre

Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé au Musée Carnavalet jusqu’au 8 février 2015

Liste non exhaustive bien sûr…

Très bel été à tous, à Paris ou ailleurs !

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Le mythe Cléopâtre à la Pinacothèque de Paris

Portrait de Cléopâtre VII, Milieu du Ier siècle av. J.-C. Musée des antiquités, Turin
Portrait de Cléopâtre VII, Milieu du Ier siècle av. J.-C.
Musée des antiquités, Turin

Les calendriers des manifestations parisiennes sont parfois plutôt bien accordés.

Alors que les Galeries nationales du Grand Palais présentent jusqu’au 19 juillet une exposition consacrée à l’empereur romain Auguste, la Pinacothèque de Paris en organise une dédiée à la belle Cléopâtre. Elle est visible jusqu’au 7 septembre 2014.

Les deux sont en quelque sorte complémentaires, avec pour points communs César et Marc-Antoine.

César fut le premier des empereurs romains avec lesquels la reine d’Egypte s’associa, afin de sauvegarder l’indépendance de son pays. Elle donna à César un fils et, en -46, s’installa à Rome, dans sa villa du Trastevere. Elle y mena un train de vie luxueux et raffiné qui inspira une société romaine frappée d’Egyptomania.

L’assassinat de César en -44 prive Cléopâtre de son protecteur et elle retourne à Alexandrie. L’année suivante, Antoine, fidèle compagnon de César et Octavien, fils adoptif de ce dernier et futur Auguste, bien que rivaux, unissent leur force pour combattre Brutus et Cassius les assassins de César. Ils se partagent l’Empire : à Antoine l’Orient, à César l’Occident.

C’est ici que réapparaît Cléopâtre, qui en -41, devient la maîtresse d’Antoine. Tous deux partagent alors durant une année à Alexandrie une vie digne de celle des dieux : « la vie inimitable » ainsi que l’a désignée Plutarque. En dépit de bien des péripéties, cette histoire d’amour durera jusqu’à leur mort.

En -31 effet, la rivalité entre Antoine et Octavien trouve son dénouement dans la bataille d’Actium, avec la victoire de la flotte romaine dirigée par Agrippa sur celle d’Antoine et de Cléopâtre. L’année suivante, après l’entrée d’Octavien dans Alexandrie, Antoine se suicide. Quelques jours après, c’est au tour de Cléopâtre de se donner la mort, à l’âge de 39 ans.

Le mythe de Cléopâtre, alors déjà en marche, n’a cessé depuis de se perpétuer.

Pour aborder ce personnage fascinant, la Pinacothèque n’a pas fait les choses à moitié, réunissant pas moins de 350 pièces. Son exposition se déploie en deux parties.

La première présente de nombreuses œuvres archéologiques venue des grandes institutions italiennes (Musées du Vatican, Musée archéologique National de Naples, Musée des Antiquités de Turin…), mais aussi de la fondation Gandur pour l’Art en Suisse ou, plus proche de nous, de la Bibliothèque nationale de France. Des pièces appartenant au collectionneur Guy Weill Goudchaux sont présentées au public pour la première fois.

Manteau royal de Cléopâtre, rôle tenu par Elisabeth Taylor dans le film de Joseph Mankiewicz, Cléopâtre (1963). Tissu lamé de soie et d’or. (Collection Costumi d’Arte- Peruzzi- Rome).
Manteau royal de Cléopâtre, rôle tenu par Elisabeth Taylor dans le film de Joseph Mankiewicz, Cléopâtre (1963). Tissu lamé de soie et d’or. (Collection Costumi d’Arte- Peruzzi- Rome).

Statues et objets mobiliers de toutes sortes restituent l’histoire de la dernière Reine d’Egypte, Cléopâtre VII. Sont notamment rappelées l’origine grecque de la dynastie – les Ptotémée – à laquelle elle appartient, ainsi que la durée de son règne : 22 ans, après avoir accédé au trône à l’âge de 18 ans !

Les personnages romains évoqués plus haut sont également abondamment illustrés, mais la part la plus belle est faite naturellement à la culture égyptienne, avec des œuvres relatives aux cultes funéraires, aux cultes divins et aux arts, le tout à travers statues, statuettes, amulettes, vases, bijoux… tous plus splendides les uns que les autres.

Toute une séquence montre l’influence de la civilisation égyptienne sur la civilisation romaine : adoption de certains cultes comme celui d’Isis, reprise de motifs iconographiques traditionnels….

La seconde partie de l’exposition, plus courte, est consacrée à la représentation du mythe de Cléopâtre dans les arts visuels : peintures des XVI° au XIX° siècles illustrant son suicide, le sein mordu par un aspic ; décors de théâtre issus de la pièce de Shakespeare ; costumes de cinéma… Parmi ces derniers, on admirera notamment les robes portées par Elizabeth Taylor dans le film de Mankewicz en 1963 : du très grand art également !

 

Le mythe Cléopatre

Pinacothèque de Paris

Place de la Madeleine et rue Vignon – Paris 8° et 9°

TLJ de 10h30 à 18h30, nocturnes les mercredi et vendredi jusqu’à 21h

Entrée 12,50 euros, tarif réduit 10,50 euros

Jusqu’au 7 septembre 2014

 

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Bill Viola au Grand Palais

bill_violaL’exposition est à la fois un événement et une expérience. Événement car il s’agit de la première rétrospective de l’œuvre du vidéaste new-yorkais de 63 ans présentée à Paris. Expérience parce qu’au fil de vingt écrans et projections de films qui durent de 7 à 35 mn chacun, plongé dans le noir et démuni de toute explication, le public se trouve livré à lui-même pour découvrir ces œuvres déconcertantes.

Les premières datent des années 1970 (The Reflecting pool notamment), la plus récente de l’année dernière. Le tout constitue des heures de films. Autant dire qu’on ne peut pas tout voir en une seule fois. Peu importe, ce qui est vu est vu. Et en définitive, l’ensemble est tellement passionnant qu’on y revient.

Bill Viola met en scène des personnes tantôt seules, tantôt à deux, parfois en groupe. L’un de ses thèmes récurrents est celui de la disparition associée à l’eau, noyade, déluge qui emporte tout, eau dans laquelle on plonge pour semble-t-il s’anéantir. Mais ce n’est peut-être pas définitif. Formellement, d’abord, arrivée à sa fin, la vidéo revient à son début en un cycle d’apparition et d’évanouissement toujours renouvelé. Plus encore, Bill Viola montre la vie au-delà de la mort, l’eau qui a englouti revenant sous forme de pluie libérer les âmes.

Les hommages à la peinture et aux grands maîtres du passé sont saisissants (Goya avec The Sleeop of Reason, Jérôme Bosch avec The Quintet of the Astonished). L’œuvre la plus fascinante du parcours, Going Forth By Day, ensemble de cinq projections simultanées de 35 mn chacune dans une salle rectangulaire assez monumentale est une référence aux fresques de Giotto dans la basilique Saint-François d’Assise. Comme dans la plupart des œuvres de Bill Viola, le son est très présent. On suit ainsi l’un des films et les sons des autres viennent s’y superposer. Par exemple, dans First Light, pendant que les secouristes – qui n’ont pu secourir personne – s’endorment, épuisés et impuissants au bord d’un lac dans le silence assourdissant de leur détresse, le déluge qui s’abat sur la ville dans un autre film de la pièce, en un bruit de chute d’eau fracassant, vient recouvrir leur sommeil tel un terrible cauchemar.

L’expérience du visiteur est propre à l’art vidéo : planté devant une œuvre beaucoup plus longtemps qu’il ne l’est la plupart du temps devant un tableau ou une photo, à l’affût du moindre changement dans des films qui se déroulent très lentement, attentif à l’action qui forcément viendra (mais quand ?), le spectateur est obligé de ralentir, de se poser. Les vidéos ont un pouvoir hypnotique fort, qui met dans un état proche de la méditation, un état délicieux, et qui ne manque pas de questionner sur l’approche que nous avons de l’art en général : pourquoi passons-nous si vite devant les œuvres ? Que voyons-nous ? Et qu’en reste-t-il ?…

Bill Viola

Galeries nationales du Grand Palais

Square Jean Perrin, Champs-Elysées, avenue du Général Eisenhower, Paris 8ème

Ouvert de 10h à 22h (jsq à 20h le dimanche et lundi)
Fermeture hebdomadaire le mardi, fermeture le lundi 14 juillet

Entrée 13 euros (TR 9 euros)

Jusqu’au 21 juillet 2014

Bill Viola, Going Forth By Day (détail), 2002, « First Light » (panneau 5), installation vidéo sonore, cycle de cinq projections, 36 minutes, performers : Weba Garretson, John Hay, Collection Pinault, Photo Kira Perov
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Bonne annee 2014 !

voeux2014_sicileChères lectrices et chers lecteurs,

en comptant bien, voici sept ans que maglm a pris racine dans le paysage du web.

Abonnés ou non, vous êtes de plus en plus nombreux à lire ce blog culturel un peu à part, que j’espère être votre préféré.

Cette fidélité est pour moi la meilleure des raisons de continuer !

On va donc essayer de garder le rythme et la formule cette année encore : des billets « coups de cœur » au fil des sorties et des visites – avec parfois d’inévitables coups de griffe hélas -, le plus souvent à Paris mais aussi quelques embardées loin de la capitale, notamment grâce aux billets qu’Andreossi nous fait de temps à autre l’amitié d’expédier depuis le grand Sud…

Bref, expos en tous genres, ciné, théâtre, livres… on continue sur la carte de la variété et des surprises, en espérant conserver intact votre plaisir à lire maglm, et en espérant aussi vous connaître un peu plus à travers vos commentaires toujours appréciés, et que j’espère plus nombreux !

Je vous souhaite de tout cœur, à toutes et à tous, une bonne santé et, où que vous soyez, une nouvelle année remplie de paix, de douceur et de beauté.

Amitiés, Mag

Photo : beauté sicilienne, mars 2012

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Voyage chez les Étrusques au musée Maillol

Etrusques au musée Maillol

Nul besoin d’aller bien loin pour cette expédition en Étrurie : une balade au musée Maillol, rive gauche à Paris, et nous voilà embarqués près de trente siècles en arrière sur la péninsule italique où, entre les IXème et IIème siècles avant J.-C. s’épanouit la civilisation étrusque.

Les Étrusques entretinrent avec les autres grandes civilisations du bassin méditerranéen, Grecs et Phéniciens, mais aussi avec la Gaulle, des échanges économiques et culturels importants, de même qu’avec Rome qui, par conquêtes successives des cités étrusques, finit par les anéantir.

Bien nommée Un hymne à la vie, l’exposition qui regroupe quelques 250 objets venus de grands musées italiens essentiellement, permet d’approcher les différents aspects de cette riche civilisation par son quotidien.

Le rez-de-chaussée donne une idée de l’architecture et de la culture étrusques. L’on y admire par exemple des plaques d’argile finement sculptées en bas-relief qui ornaient les bâtiments, de fabuleux vases anthropomorphes ou encore la reconstitution de la grande Tombe du Navire (-470 ans) à Tarquinia avec ses grandes peintures colorées.

A l’étage, objets et œuvres d’art rivalisent de beauté pour évoquer notamment les rites funéraires, l’écriture, les banquets, le sport, la religion (avec les fameux haruspices). Les principales cités-Etats sont présentées dans leurs spécificités : l’Étrurie était en effet une dodécapole, à savoir une confédération constituée de douze grandes cités.

Si l’influence grecque est parfois très nette, celle des Égyptiens palpable également, ce qui plaît dans le style Étrusque est avant tout son caractère extrêmement vivant et raffiné. L’iconographie est très narrative, les formes originales, les motifs sculptés expressifs et souples, les détails d’une finesse extrême.
Le travail d’un fermoir de vêtement en or décoré de minuscules figures d’animaux (680-650 av. J.-C.) est époustouflant. La tête votive de jeune homme dite Malavolta en terre cuite (430-410 av. J.-C.) dégage par ses traits une énergie incroyable. Le ciste représentant le Jugement de Pâris (milieu du IVème siècle av. J.-C.), en bronze à décor incisé et orné d’éléments sculptés étonne jusque dans ses détails.

La scénographie est simple, les explications pédagogiques – la carte très claire aurait mérité d’être placée en ouverture du parcours – sans assommer le visiteur. On ne peut que conseiller cette exposition à la fois belle, instructive et divertissante, en particulier à tous ceux que les interminables alignements de vitrines des musées archéologiques laissent sur le flanc : de l’excursion au musée Maillol, ils reviendront l’œil vif et l’esprit frais.

Les Étrusques Un hymne à la vie
Musée Maillol – Fondation Dina Vierny
61, rue de Grenelle 75007 Paris
Tel : +33 (0)1 42 22 59 58
Métro Rue du Bac
Tous les jours de 10h30 à 19h, y compris les jours fériés
Nocturnes le lundi et le vendredi jusqu’à 21h30
Entrée 11 euros, réduit 9 euros, gratuit pour les moins de 11 ans
Jusqu’au au 9 février 2014

Faim de culture ?

Image : urne dite du Bottarone, dévut du IVème siècle avant JC, albâtre peint,H. 88; base 123 x 38 cm Florence, Museo Archeologico © Soprintendenza per i Beni Archeologici della Toscana / Antonio Quattrone

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Tsutsugaki au Musée Guimet

Tsutsugaki au Musée GuimetLe Musée Guimet met le Japon à l’honneur cet été avec l’exposition consacrée aux arts de la table autour de l’artiste Rosanjin Kitaoji (1883-1959), poète, céramiste, calligraphe et cuisinier (jusqu’au 9 septembre).

En complément, le Musée présente une exposition dédiée à une autre forme de l’art japonais traditionnel, beaucoup moins connue mais très belle : le tsutsugaki, à fois technique de peinture et œuvres textiles qui en procèdent.

Le tsutsugaki, kézako ?

Par le tsutsugaki (de tsutsu, tube et de gaki, dessin), on apposait sur un tissu de coton ou de lin, à l’aide d’un cône dur, une colle réalisée à base de pâte de riz qui permettait de constituer une réserve avant le bain de teinture d’indigo. Puis on garnissait les motifs ainsi réservés, généralement de couleurs chaudes.
Les pièces de tissu étaient ensuite délicatement assemblées pour réaliser des futons, des kimonos, des paravents, des bannières, parfois de très grande taille, aux coutures invisibles.
Tsutsugaki désigne dès lors aussi ces objets textiles qui apparurent dès le XVIème siècle, connurent leur apogée à la fin de l’ère Edo au XIXème et disparurent progressivement au début du XXème.

A quoi servait le tsutsukaki ?

Art populaire, résultat de savoir-faire associant dessinateurs, artisans et teinturiers, le tsutsugaki avait pour principal objet de porter bonheur à ceux qui le recevaient en cadeau. On en offrait à l’occasion des mariages et des baptêmes, on en ornait les temples lors des fêtes religieuses. Puisqu’on entendait s’assurer de la bonne fortune des bénéficiaires (virilité, descendance, longue vie…), les motifs étaient soigneusement choisis en fonction de leur force symbolique.
Sur de magnifiques fonds indigo, se détachent ainsi en de somptueux jaunes et rouges, des singes, des lions japonais, des dragons, des fleurs de pivoine et de chrysanthème, des branches de prunus…

Une exposition rare

Les pièces présentées, quoiqu’en nombre relativement resserré, sont exceptionnelles : elles proviennent pour partie d’une collection privée japonaise (pour la première fois présentées hors du Japon), pour partie du fonds Krishnā Riboud conservé par le Musée, et complétées d’une oeuvre tsutsugaki que le peintre Léonard Foujita conserva toute sa vie.

Tsutsugaki, textiles indigo du Japon
Une exposition organisée par le musée national des arts asiatiques Guimet et Ueki et Associés
Musée Guimet
6, place d’Iéna- 75116 Paris
Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h
Entrée avec le billet des collections permanentes : 7,50 € (TR 5,50€)
Jusqu’au 7 octobre 2013
Visites commentées de l’exposition les sam. et dim. à 14h (durée 1h) sf le 25 août
Plein tarif : 4,20 €, tarif réduit : 3,20 € (hors droit d’entrée), sans réservation dans la limite des places disponibles

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Edward Hopper au Grand Palais

Hopper, Morning Sun

Edward Hopper (1882-1967) présente le paradoxe d’être aussi célèbre que son oeuvre est peu connue, en tout cas des Français qui n’ont pas eu la chance de voyager aux Etats-Unis.
C’est une raison suffisante pour expliquer le succès de la rétrospective présentée au Grand-Palais, qui est d’ailleurs prolongée jusqu’au 3 février 2013 avec de grandes plages horaires pour permettre au public le plus large de la découvrir.

Présentée selon un plan chronologique, l’exposition répond pleinement aux attentes du spectateur néophyte : elle montre les sources de son travail, les différentes techniques explorées ainsi que son évolution.
Mais malgré les différentes étapes parcourues, ce qui frappe à l’issue de la visite est la grande cohérence de son œuvre. Cohérence des motifs, cohérence de la manière.

Biberonné à la peinture moderne française notamment, avec Degas, Marquet, Vallotton, Pissarro (dont on peut voir de très beaux tableaux), il s’en dégagera ensuite pour trouver sa propre voie.
Malgré tout, les paysages urbains, les scènes d’intérieur et les lieux de spectacles peints par les impressionnistes et leurs suivants constituent des thématiques que l’on retrouvera toujours chez Hopper.

Côté compatriotes, si c’est avec Robert Henri qu’il se forme, sa façon d’appréhender les sujets sera beaucoup moins marquée par le réalisme que celle de son maître et de ses contemporains américains (dont des œuvres sont également exposées).
Avant de connaître le succès, Edward Hopper travaille dans l’illustration à titre alimentaire. Bien qu’il n’en retire aucun plaisir, ce travail, après avoir nourri l’homme, nourrira plus tard l’artiste.

Hopper, Summertime

Quand enfin il peut se consacrer à la peinture, il ne s’empêche pas quelques embardées du côté de l’aquarelle – qu’il abandonnera, car à la peinture sur le motif il préfère la peinture d’atelier – et de celui de la gravure. La visite de l’espace consacré à ce dernier médium est un ravissement. Non seulement parce que ces gravures sont très belles, mais encore parce qu’elles sont éminemment "hopperesques" : compositions ultra-travaillées, géométrie au cordeau, thématiques touchantes, jeux de lumière.

Ces caractéristiques-là se retrouvent bien sûr dans ses tableaux – des moyens et des grands formats – où il fait en outre claquer la couleur avec brio – avec de superbes oppositions froid/chaud – et créé des lumières toutes particulières. Ces lumières-là font beaucoup de "l’ambiance" des tableaux de Hopper : pointe du jour blafard, nuit froide comme livrée à elle-même, insolent soleil d’un jour d’été, lumière matinale ou vespérale n’éclairant du tableau que son mystère.

Et puis bien sûr, il y a les "sujets Hopper" : ses maisons, ses paysages, et surtout ses personnages, vus souvent d’une fenêtre ou d’une vitrine, pris dans leur environnement quotidien au possible (un café, un bureau, une chambre), pour ne pas dire dans leur cadre au sens littéral du terme. Des couples qui s’ennuient à périr et s’ignorent et, plus poignantes encore, des femmes seules qui lisent ou sont plongées dans leurs pensées. Elles sont belles, élégantes, et en même temps tellement sincères, comme désarmées, parfois carrément mélancoliques. On dit qu’elles attendent – elles en ont souvent l’air – mais peut-être certaines n’attendent-elles pas, contemplant simplement à travers une fenêtre ouverte ou sur le pas d’une porte la seule lumière d’un ciel d’été.

Edward Hopper
Grand Palais
3 avenue du Général Eisenhower – Paris 8ème
Entrée : Square Jean Perrin
Jusqu’au 3 février 2013
Horaires :
Jusqu’au 28 janvier : lun. : 10h-20h, mer., jeu., ven. : 10h-22h, sam. et dim. : 9h-22h
Puis du 29 au 31 janvier de 9h à 23h et du 1er au 3 février jour et nuit
Plein tarif : 12 euros, réduit : 8 euros

Images :
Edward Hopper: Morning Sun, 1952. (Crédits photo: © Columbus Museum of Art, Ohio)
Summertime, 1943 – Edward Hopper, Delaware Art Museum, Wilmington, USA / © Bridgeman 2012

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Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire

Le thé à Guimet, histoires d'une boisson millénairePrésentée au musée Guimet, Le thé, histoires d’une boisson millénaire est la première exposition consacrée en France à l’histoire du thé.
Passionnante, elle raconte la naissance et la diffusion de cette boisson dont la consommation est entrée dans les mœurs chinoises au début de notre ère, avant de se répandre en Asie orientale, au Moyen-Orient, en Europe puis en Amérique.

L’introduction rappelle quelques données fondamentales, notamment botaniques, dont on retient que le théier est de la famille des camélias, arbre qui au printemps se couvre de petites fleurs blanches au cœur jaune : voir la délicate peinture sur soie chinoise du XIII° siècle représentant une branche de théier impérial en fleurs. Cultivé dans des "jardins de thé" en altitude, sous des climats chauds et humides, il est taillé en buissons ne dépassant pas 1 m 20 de haut. Ses bourgeons et feuilles tendres sont récoltés au printemps.

Un album sur papier de riz du XVIII° siècle montre les différentes étapes de la fabrication du thé : flétrissage, roulage, oxydation stoppée par chauffage. La classification chinoise selon la couleur de l’infusion résulte non pas d’espèces de théiers différentes mais du traitement des feuilles : ainsi, le thé blanc n’est que séché, alors que le thé vert est torréfié et peu oxydé et le thé noir totalement oxydé et fumé. Quant au "thé" rouge d’Afrique du sud, il n’est pas, lui, issu du théier.

Enfin, toujours en tête de parcours, La tonne de thé, œuvre monumentale (ce poids de thé compressé) de l’artiste chinois Ai Weiwei, né en 1957, introducteur de l’art contemporain en Chine où il est revenu – et désormais interdit de sortie du territoire – après avoir passé dix ans à New-York, exprme l’importance du thé, boisson après l’eau la plus consommée dans le monde.

Après un petit film sur Tseng Yu Hui, unique maître de thé femme, l’histoire du thé nous est contée à travers ses trois grands modes de préparation successifs, correspondant à trois grandes périodes : le thé bouilli, le thé battu et le thé infusé.

A chacun de ces chapitres sont montrées la naissance puis la diffusion du précieux breuvage, à travers de magnifiques objets provenant du fonds Guimet (des premiers grès jusqu’au porcelaines du XVIII° européen, en passant par les fameux céladons et bleus-blancs chinois), des peintures calligraphiées et des textes de lettrés – dont une édition du fameux Classique du thé écrit au VIII° siècle par Lu Yu.

D’abord utilisé par les moines pour ses vertus thérapeutiques (maintenir en éveil), il est ensuite adoubé par les lettrés (concurrençant alors le vin comme moyen de stimuler l’inspiration) et par eux paré d’une dimension spirituelle fondamentale, l’érigeant au rang de liturgie, que les Japonnais adopteront et adapteront plus tard. Au XVI° siècle, le Japonais Sen no Rikyu, le plus célèbre des maîtres de thé, est ainsi le créateur des cérémonies de thé. Il voit dans la cérémonie, qui doit être gouvernée selon les quatre principes de sérénité, de simplicité, de respect et d’harmonie, un acte spirituel entre le maître de thé et ses invités.

En Occident, le thé a été introduit au XVII° siècle dans les milieux aristocratiques avant de se répandre progressivement dans les autres classes sociales. Ici comme ailleurs, il est considéré comme la boisson qui a le plus influencé les mœurs sociales.
Mais c’est surtout le raffinement qui entoure sa consommation en Chine et au Japon, par les objets comme par la dimension poétique du geste, que l’on retiendra de cette très belle et savante exposition.

Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire
Musée Guimet
6, place d’Iéna- 75116 Paris – Tél.: 01 56 52 53 00
TLJ sauf le mardi, de 10h à 18h
Fermé les 25 décembre et 1er janvier, et fermeture des salles à 16h45 les 24 décembre et 31 décembre
Entrée de l’exposition 8€ (TR: 6€)
Nombreuses activités autour de l’exposition : programme à consulter sur le site
L’exposition est prolongée Jusqu’au 28 janvier 2013

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Rochers de lettrés, itinéraires de l'art en Chine

Exposition Rochers de lettrésIl faut absolument aller voir l’exposition proposée par le musée Guimet jusqu’au 25 juin prochain, non seulement en raison de sa rareté, mais aussi et peut-être surtout pour le surprenant bienfait régénératif qu’elle apporte.

Les Chinois ont très tôt utilisé les pierres dans leurs jardins (pensés comme représentations de l’univers) comme éléments de symbolisation des montagnes. Porteurs des forces telluriques, les bouts de roche, soigneusement choisis et disposés avaient alors un rôle plus important encore que les éléments végétaux.

Puis, dès le VIIIème siècle, les fonctionnaires chinois, les "lettrés", les ont introduits dans leurs cabinets privés, les posant sur leurs tables comme source d’inspiration et de méditation.
Le lieu où les pierres étaient disposées n’était pas un "bureau", mais au contraire un espace dédié au retrait – retrait par rapport à leur travail au service de l’Etat – où ils prenaient soin de s’extraire de leurs activités extérieures pour s’adonner à l’écriture, à la poésie, au dessin, à la musique, à la contemplation et à la méditation.
Au XIIème siècle, ces pierres ont été montées sur des socles en bois sculpté, voire même, pour les feuilles de marbre, enchâssées dans de petits écrans de bois.
Aujourd’hui encore, ces vénérables rochers, que leurs ancêtres avaient sélectionnés en un nombre limité de sites, demeurent honorés par les artistes chinois, qui les dessinent et les collectionnent.

Pierres, cabinets d’écriture, création contemporaine : tels sont les trois volets que l’exposition du musée Guimet permet d’explorer, guidant le visiteur avec de minimales explications, mais lui laissant le loisir, dans une mise en scène soignée, de s’abîmer sans réserve dans la contemplation de la trentaine de roches exposées, partie la plus marquante du parcours.

Nul besoin de science en effet pour comprendre la fascination des Anciens chinois pour ces bouts de pierre aux dimensions le plus souvent bien modestes, tant est puissante leur force d’évocation. Selon leur densité, leur couleur, leur texture, leur forme ou encore les découpes créées par l’érosion, elles rappellent tour à tour la densité terrestre, le mouvement d’élévation, les transformations naturelles, les règnes végétal et animal, et même l’eau, les nuages ou la voûte céleste. Univers dans l’univers, leur minéralité même appelle le calme, le lien avec la nature, le vide pour re-créer.

Rochers de lettrés, itinéraire de l'art en ChineLa suite de la visite, présentant les objets utilisés par les lettrés (repose-pinceaux, pots à pinceaux, pierres à encre, presse-papiers, mobilier) ainsi que quelques œuvres graphiques anciennes est l’occasion de relier ces pierres au contexte de leur utilisation. L’on comprend alors que dans ces "retraites à demi" les lettrés chinois n’étaient pas forcément seuls, pouvant aussi s’adonner aux joies de la conversation pure. Des dessins le révèlent, ainsi que les "sceptres" (souvent faits avec de noueuses racines polies) qui étaient en réalité des objets de discours.

Enfin, les œuvres des artistes contemporains Zeng Xiaojun et Liu Dan, dessins fabuleux à l’encre sur papier de pierres dentelées et de végétaux (impressionnantes glycines du début de l’exposition, magnifique tournesol accompagné d’un extrait en chinois d’une lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo) font le lien entre la Chine millénaire et la Chine d’aujourd’hui, tout en se voulant aussi comme un pont entre l’Empire du Milieu et l’Occident.

Rochers de lettrés, itinéraires de l’art en Chine
Musée Guimet
6, place d’Iéna – Paris 16°
Du mer. au lun., de 10 h à 18 h
De 6 € à 8 €
Jusqu’au 25 juin 2012

Images :
Affiche : © Musée Guimet
Pierre « petite ciselée avec art », xiaolinglong shi, Pierre Lingbi (?) Dynastie Song H. 20 ; L. 9,5 ; Pr. 6 cm Support en bois de zitan, H. 4 x 4 cm © DR / Collection de Mme et M. Ian Wilson

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